Qui a peur des grands méchants contes ?

Compagnie L’escabotée (94), vu le 23 juillet, au Laurette Théâtre à 14h30, dans le cadre du festival Off d’Avignon 2014.

Texte : Patrick Valette

Avec : Dorothée Hardy, Pascal Lewandowski, Patrick Valette

Genre : Théâtre

Tout public (difficile de préciser un âge..)

Une version Psychanalysée des contes de fées pour dénoncer les excès de notre société ? Pourquoi ne pas se laisser tenter…

Une voix Off nous présente le contexte : nous sommes en 1649, et le docteur Eric Von Breuer Der Schtoffle Die Mürren, créateur pré-freudien de la psychanalyse, s’apprête à recevoir son premier client. Le décor est planté : paravent, tableau, bureau et canapé, porté par un langage précieux du 17eme siècle.

Ce premier client, c’est Charles Perrault, qui vient se plaindre que les personnages de ses contes viennent le harceler pour de vrai ! Du coup, un petit chaperon rouge déluré et bien de notre temps saute sur le bon docteur pour la faire devenir femme, la reine mère vient se plaindre de la tyrannie de la chirurgie esthétique, Cendrillon lance des discours féministes et le loup, représentant du grand capital, vient lancer son ironie à la face du monde. Un vrai dérèglement de contes !

Les comédiens sont bons dans leur genre et plein d’énergie, et les enchaînements, variés et rythmés, font souvent sourire. Les époques se percutent et le chaperon rouge, fille de la téléréalité et du web, veut enfin grandir et connaître le loup ! Quant au loup, méchant, trader de son métier, il défend son rôle avec conviction. C’est léger, cela pourrait être vulgaire mais ne l'est pas, et cela soulève de vraies questions sur la nature humaine, sur la sexualité (forcément !), sur la société de consommation et sur la confusion existant entre rêve et réalité. Bien écrit et bien interprété, même si le propos est facile, ce spectacle se laisse voir et peut très bien s’intégrer dans une thématique sur la question, pour une programmation tout public.

Pourtant, il me semble que les chansons qui ponctuent chaque apparition d’un personnage ne sont pas indispensables… même si elles sont là pour apporter de la légèreté à l’ensemble. Non, elle ne sont vraiment pas indispensables…

Eric Jalabert