Région en scène paca, ca a commencé !
13 févr. 2013 Vitrine du collectif du Cercle de midi, le festival « Région en scène, Paca et Corse » présente 13 spectacles, mêlant théâtre et musique essentiellement et soutenus par le plus grand nombre de structures adhérentes. Plus que des coups de cœurs, il s’agit donc des spectacles programmés et soutenus de la façon la plus large possible, et permettant ainsi l’accès au festival national, le chainon FNTAV, dont le cercle de midi est une fédération régionale.
Un beau dispositif faisant office de monte charge des régions vers le national, et offrant un réseau de plus de 400 salles.
Et cette belle manifestation, dont l’Adadiff est partenaire depuis plus de 5 ans, a commencé lundi 11 janvier, avec près d’une cinquantaine de programmateurs présents.
Arrivé en retard, je n’ai pu entendre que les trois derniers morceaux de Bastien Lanza (04), jeune auteur compositeur interprète, accompagné de son nouveau groupe. Ce chanteur semble dégager une belle présence sur scène, dans un registre plutôt folk, et très chanson française.
Après le repas, propice à des rencontres et des discussions toujours enrichissantes, nous avons pu assister à « Italie Brésil 3 à 2 », de la compagnie Tandaim (06), qui retrace presque minute par minute le match du 5 juillet 1982 entre l’Italie et le Brésil lors de la coupe du monde.
Seul sur scène accompagné d’un guitariste, et devant un immense écran blanc, Solal Bouloudnine, excellent comédien, nous raconte à 200 à l’heure son match, LE match qu’il a vu en famille alors qu’il avait 8 ans, dans son Italie natale à Palerme. Après une présentation du contexte de l’année 1982 et de ce que représentait le Brésil dans le footbal (c'est-à-dire, tout !), il nous retrace avec une vraie conviction et une énergie adolescente, la ferveur du match. On y retrouve ce mélange de superstition et de rituel, où le spectateur se partage les raisons de la victoire, et où l’enthousiasme devient communicatif.
Ponctué d’une guitare déchirée, qui vient renforcer la rythmique et les accélérations du match, le flux de paroles impressionnant nous entraine également dans des moments d’émotion poignante, comme quand il nous raconte à la mi-temps, ce match (historique) entre l’équipe allemande durant la période nazie contre le Dynamo de Kiev, dont tous les joueurs ont été exécutés pour avoir gagné leur match malgré le contexte historique qui leur imposait un autre résultat.
Un spectacle porté par un comédien très talentueux, qui nous fait partager, le suspens, les espoirs et les désespoirs des supporters. Même si l’on se perd parfois dans les noms des joueurs ou dans les digressions du récit, même si l’on attend –en vain-, que ce grand écran blanc s’anime, on garde le sentiment d’avoir partagé avec tous un moment médiatique mais intime.
Petit bémol, La compagnie Tandaim était déjà présente en 2012 à l’édition précédente, avec un spectacle plus original à mon avis « villa volga », mais qui pourtant n’avait pas remporté le succès escompté. Il me semble qu’avec le nombre important de compagnies de la région PACA, le cercle pourrait élargir ses choix, même si l’on m’a précisé que c’était le résultat du mode de désignation des spectacles repérés qui amenait à ces situations, et qu’il ne voulait pas s’interdire ce partis-pris. Dont acte.
Pour terminer la soirée, j’ai découvert une Bjork française qui m’a chaviré. Retenez son nom : Ottilie (05). Armée de sa boite à sample, dont on sait que l’utilisation poussée peut être lassante, elle construit un univers sonore qui lui est propre. Pourtant elle joue ce soir devant un parterre composé quasi exclusivement de Programmateurs : pas léger comme ambiance !
Elle semble fragile (elle a une genouillère qui lui prend toute la jambe droite!), et pourtant … Elle nous étonne à chaque instant.
Alternant guitare, accordéon et guimbarde, elle manie avant tout ses boucles musicales avec grand talent, y mêlant sa voix dans un chant continu, nous offrant sur une seule phrase musicale, une richesse insoupçonnée. Quand à ses textes, ils sont tout à la fois crus et poétiques, sensuels et cruels, à l’image de ses titres : « les crayons de colère », « ta langue dans ma bouche », « toi, tais toi – toi t’es toi »…
Reflet de cet univers si particulier, un peu hors du temps, Ottilie fait preuve d’une aisance gauche sur scène, n’hésitant pas à se moquer d’elle-même et lançant quelques piques pleines d’humour.
Le public lui a fait un beau succès et moi j’ai vraiment adoré… à programmer rapidement, elle risque vite d’être hors de prix
Le lendemain, nous avons commencé la journée avec un spectacle de la Compagnie du Pas de l'oiseau (05), L'Héritage, qui nous raconte l'histoire d'un héritage destiné à un petit village... à la condition d'y instaurer le communisme! (photo)
Un vrai régal dont le commentaire est en préparation et que je vous invite à découvrir trés vite.