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Tendance lourde des filières d’activités, « les clusters, une opportunité pour le spectacle vivant ? » était le sujet d’un atelier-rencontre proposé mercredi 6 février 2013 au Garage Electrique, une structure d’accompagnement  aux projets culturels basée à la sympathique Friche de Mimi (Montpellier). Nous étions une vingtaine de personnes.



 Le clustering, plus dynamique que le terme Cluster, désigne les dispositifs de structurations économiques pour soutenir une filière d’activités. Ils sont multiples, prennent des formes très variées, couvrent tous les secteurs d’activités, sont fortement soutenus par les tutelles et parient sur la synergie des groupements. Initiés par la DATAR avec les SPL (Système Productif Local) puis les pôles de compétitivités (autour de l’innovation technologique et de la recherche & développement), ils prennent à partir de 1995 la forme de « district », prônant l’intégration verticale et horizontale autour d’une filière. Ils évoluent ensuite vers des grappes d’entreprises (financées désormais par les collectivités locales) qu'on nomme aujourd’hui Pôles Territoriaux de Développement Solidaire et Social. Tout cela en à peine10 ans ! Je comprends pourquoi le mot « cluster » m’était inconnu, il est plutôt insaisissable.... Bref, tout cela désigne la même chose : la volonté de développer une filière en aidant sa structuration et sa professionnalisation, pour créer des emplois et faire venir de nouvelles entreprises. On parle en terme d’attractivité des territoires, tant au niveau local, régional, qu’international. Alors pourquoi ne pas l’appliquer pour le spectacle vivant ? Bonne question...

 Mathieu Lambert, directeur du Garage Electrique, précise que cette reflexion repose sur l‘évolution des mentalités (et notamment celles des collectivités locales) qui reconnaissent aujourd'hui que le spectacle vivant est un secteur économique à part entière. C’est une évolution considérable puisque le spectacle vivant était jusqu’à présent considéré comme un monde à part !

 

Illustrés par deux témoignages concrets, Carole Girard (trésorière de Pix-LR, grappe d’entreprises créée en Languedoc-Roussillon autour du numérique et de la vidéo) et Vincent Priou (directeur de trempolino à Nantes, dispositif d'accompagnement autour de la création artistique) nous parlent de leurs expériences.

Il en ressort que, pour Pix-LR, « l’intérêt n’est pas immédiat pour chacun, mais il permet de travailler en commun et de percevoir que même s’il y a concurrence, il y a surtout complémentarité entre les sociétés participantes ». Et cela offre  «essentiellement une meilleure visibilité en terme de communication ». Bien sur il y a des soutiens financiers, parfois à hauteur de 50%, pour certains projets communs (matériel, participation à des salons…). Mais tout cela « repose avant tout sur la volonté des membres ». Bref, il faut mouiller la  chemise !

Vincent Priou nous fait part, quant à lui, de ses principales réflexions sur son expérience à Trempolino, structure créée en 1990 à Nantes et devenue, depuis, un acteur important dans le domaine de la musique. Il nous rappelle que pour installer un réseau de compétence, il faut « penser globalement, en terme de filière ». En matière économique, il s’interroge sur la question de la concurrence, question qui reste « individuelle » en opposition au « collectif ». Encore faut-il savoir en quoi contribue t-on au collectif ? Et ne pas le perdre de vue. Il insiste aussi sur l'importance de la formation pour valoriser les expériences dans ces filières (dans la musique, par exemple, beaucoup de gens se sont formés « sur le tas » il y a 10 ou 20 ans, voire plus...), mais également pour développer de nouvelles compétences et les mettre en application. Enfin, à l’image du Quartier de la création (où s’est installé Trempolino), il est possible de montrer que l’on peut s’appuyer sur la culture pour soutenir le développement économique. En effet, se sont installées là-bas 30 structures, dans 3 lieux différents, qui contribuent au rayonnement de la ville au niveau national et international. Vincent rappelle que cela a été rendu possible par la co-construction de politiques publiques alliant volonté politique et volonté des acteurs du terrain. Pour qu'un tel projet soit rendu possible, il doit donc être « posé » de façon claire et répondre transversalement aux politiques publiques : formation, artisanat, développement du territoire, apprentissage, emplois, économie, tourisme...

Même si Trempolino n’est pas un cluster de façon formelle, Vincent Priou est convaincu que le regroupement devient désormais une nécessité. Il faut penser globalement car, depuis des années, on a fractionné et éclaté les emplois, obligeant chacun à créer sa propre structure (chacun devant TOUT faire). Il est important désormais de regrouper les compétences.

 

Le manque de temps ne nous a pas vraiment permis d'échanger sur ces questions, ni d'envisager les opportunités pour le spectacle vivant à Montpellier. Cependant, cette rencontre à contribué à rappeler les enjeux du regroupement que chacun fait souvent de façon informelle (la friche de Mimi à Montpellier, la Belle de Mai à Marseille, la Bobine à Grenoble et bien d’autres...). Alors réinventons le collectif de demain !

Reste à savoir si chacun, en respectant son éthique, est prêt à s’ouvrir suffisamment, et à accepter d’autres approches, d’autres compétences, voire d’autres points de vues pour œuvrer, avec des moyens et des outils complémentaires, dans une direction commune ? Il me semble que cela est possible mais, comme je l’ai entendu à la sortie de la réunion en discutant avec les uns et les autres, « chacun veut garder sa part de gâteau » ! Peut être que la réponse au grand isolement du spectacle vivant et à ses réseaux fractionnés est aussi simple que cela ?  

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