Siège
17 juil. 2014
Spectacle de danse par la Compagnie des baigneurs. Vu au festival d'Avignon 2014 à 10h45 au Théâtre Golovine
Interprète : Sara Martinet
Accompagnement artistique : Claire Heggen, Yan Bernard
Régisseur : Franck Lopez
Genre : Danse - Duel entre corps et objet
Durée : 22 minutes
Sur scène, une chaise haute installée sur un rectangle de tapis vert doux et épais. Voici pour l’objet. Le corps, c’est celui de la danseuse Sara Martinet, elle commence son solo de danse en nous tournant le dos, dans le silence et l’immobilité la plus totale. Il me semble qu’elle nous propose de partir de zéro, du rien.
Ces premiers mouvements sont nerveux, frénétiques et saccadés, il y a conflit entre bras et tête. Le siège reste immobile, comme un monolithe imperturbable qui ne bougera pas d’un milimètre quoiqu’elle fasse. Sara Martinet gesticule, se démène s’accroche à la chaise, la traverse par dessous, au dessus, s’arrache d’elle, virevolte. Elle est en guerre, elle fait le siège du siège et ce combat inutile l’amène aux portes de l’absurde voir à la limite du clown. En contorsion et en équilibre sur de minuscules points d’appui, sa prouesse est également acrobatique.
Elle se bat, seule face à cet objet qui est, par définition, insensible à l’énergie déployée. L’image est belle, la métaphore est parlante, elle m’évoque Don quichotte et ces moulins à vent. La bataille contre l’objet est vaine, perdue d’avance... Dès que la musique apparaît, ses mouvements se font amples, lents et gracieux. Elle danse maintenant avec le siège. Elle a renoncé à mettre son énergie dans un combat sans perspective et s’appuie sur l’objet pour développer son expression.
Ce qui est intéressant pour une spectatrice comme moi, qui n’a pas à priori la culture adéquate, c’est que l’artiste ne me perd pas dans un discours abscon mais au contraire me familiarise avec le code de la danse contemporaine. Je garde le fil grâce à une construction chorégraphique rigoureuse, expressive et cohérente.
C'est un spectacle de 22 minutes accessible à tous, à voir donc !
Marie-Madeleine Pons