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La compagnie Fraction, dont nous avons découvert le travail dernièrement à la salle du Pont de Vence de St Egrève (38) avec "La peau dure", revient sur scène au Théâtre 145 de Grenoble, avec une proposition toute différente du monologue précédent, et une machinerie étonnante. Nous étions à la représentation du vendredi 1er avril 2011.

 

- Public : adultes et ados
- Spectacle lourd en machinerie(s)

 

Distribution :
- Pièce librement inspirée de Red Riding Quartet (Payot / Rivages) de David Peace / Traduction de Daniel Lemoine
- Interprètes : Michèle Dorlhac (la grand-mère), Tanguy Matignon (le frère de Swan), Roland Pichaud (Wolf), Thomas Rousselot (le clochard), Sophie Vaude (Swan)
- Mise en scène : Jean-François Matignon
- Décor : Jean- Baptiste Manessier
- Images : Laurence Barbier
- Création lumière : Laurent Matignon
- Régie lumière : Michèle Milivojevic
- Son : Stéphane Morisse

- Musiques de : Malher, Sex Pistols, Bowie  

 

Le Théâtre 145 accueille pendant un mois un évènement consacré au théâtre contemporain : " Quatre pièces en quête de public ". Occasions sont donc offertes de découvrir des auteurs. David Peace est de ceux-là, qui a écrit une tétralogie noire entre 1974 et 1983.

Il est toujours bon d’approcher différentes propositions d’une compagnie pour aiguiser notre regard et percevoir ce qui les distingue ou les rapproche. " Swan " est une pièce fichée dans notre époque où les enjeux financiers, économiques, politiques, non seulement dépassent les individus, mais les manipulent jusqu’à les passer au rouleau compresseur. Sur fond de crise et de récession dans l’Angleterre de la Dame de Fer, va se dévider l’écheveau de vies brisées par un système implacable et immoral.

Un plateau où d’abord s’éclairent des visages de femme(s). Écrans-statuaire. Mais pas un statuaire-univers d’artiste, un statuaire masques mortuaires. Au fond : des parpaings que manipule et déplace un homme poussière. Au centre :une grille sur laquelle grimpe un chiffon taché de rouge, comme fantôme qui prendrait vie. Une voix off, celle de Swan, celle qui donne les dates, les faits, et qui rappelle le danger imminent : " Tu étais en danger mais tu ne le savais pas... " Parfois, sur un écran de TV, des images d’actualité, comme " à côté " alors que leurs effets se donnent sous nos yeux. On est dans l’univers des films noirs. Fiction-réalité autour des laissés pour compte qu’on écarte quand ils en savent trop. Swan, petite fille à la robe écarlate, prend toujours le chemin qui mène de chez sa mère jusque chez sa grand-mère, comme le raconte un conte d’antan si souvent entendu. Le traitement de l’histoire, sur le plateau, est sombre, trash, avec des bulles déjantées disco-rock. Swan se démantèle, elle se brûle les ailes, elle se cambre quand elle croise l’homme aux yeux rouges oracle à la " M le Maudit ". La machinerie omni-présente claque des mâchoires, comme les loups tapis dans l’ombre.

La mise en scène dépote, déchire. Roland Pichaud et Sophie Vaude endossent deux rôles forts qui crachent et éructent. C’est physique, brut, cynique et désespéré. Si la psychologie des personnages n’est pas particulièrement ce qui est mis en avant, ce sont les corps, au-travers de l’investissement de machines et sons, qui parlent.

 

Commentaire d'un autre spectacle de la même compagnie

 

Web Théâtre 145 : http://theatre145.com/

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