Thérèse en mille morceaux
19 mars 2010
La compagnie grenobloise "Les Voisins du Dessous" a présenté son spectacle sur la scène de l’Heure Bleue de St Martin d’Hères (38) le mercredi 17 mars 2010. Dans le cadre du mois de la création francophone.
Public pressenti : adultes et ados
Durée : 2 h
Distribution :
Comédien(ne)s : Marie-Sohna Condé, Aurélie Vérillon, Mylène Wagram,- Analia Perego, Jean-Baptiste Anoumon et Stéphane Czopek
Assistant à la mise en scène : Yann de Graval
Scénographie : Michel Rose
Lumières : Léo van Custem
Musique : Frantz Parry et Strasho Temelkovski
Son : Frantz Parry
Costumes : Anne Jonathan
Maquillage : Cathy Kuhn
Régie plateau : Eric Proust
Régie générale : Lellia Chimento
Avec l’aimable participation de Eldé (voix off)
Adaptation et mise en scène : Pascale Henry
Texte initial : Lyonel Trouillot
Le noir. Une voix off. Une voix ? Des voix. Le rideau s’ouvre sur une pièce, fenêtre à persiennes, porte de bois, lit, fauteuil. Dans l’échancrure de cette porte, Thérèse la Blanche saute à la corde, petite fille d’une lointaine enfance muselée dans les bienséances et les obligations d’une place à tenir. Et ce sont bien ces paroles à taire, à proscrire, ou celles encore imposées et subies, pas choisies, qui vont prendre corps dans cet espace corseté-ajusté. Celle qui tient son cahier de mots, à cracher, à jaillir, pour se re-saisir et naître au monde, c’est une autre Thérèse, Noire celle-là. Ce qui va se dérouler, là, sous nos yeux, ce sont les vies intérieures de Thérèse(s) qui se mêlent, s’entremêlent, se heurtent, s’assaillent... Thérèse ne sait pas, Thérèse ne sait plus, qui est elle, qui est l’autre, cette Autre qui l’attire et la révèle, cette Autre qui l’inquiète et persévère, cette Autre qui chuchote et fait trembler ses fondements, tapie dans l’ombre de ses doutes ou riant aux éclats dans la nuit qui se ferme. La confusion donnée à entendre et à voir, frise avec la démence, la non appartenance à soi. Dès lors, on est tenté(e)s de comprendre que Thérèse va virer en folie(s), que le dédoublement qu’elle éprouve va forcément l’entraîner dans un abîme sans fond où ses fantômes intérieurs lui dévoreront inéluctablement le coeur. On la croit en proie à des tourments, à des hallucinations. En partie vrai. Comme sont vraies, tout autant, ses tentatives à être en dépit des convenances religieuses, ou du prénom hérité d’une mère rigide. Par le pouvoir de l’écrit(ure), Thérèse se rassemble, envers et contre.
Le combat qui se livre est celui d’une femme mais aussi, du moins l’avons-nous imaginé, celui d’une société dichotomique qui n’accepte pas les choix et les différences. Schizophrénies des êtres, des villes, des peuples et du monde contre lesquelles il faut parfois s’ériger en contraire(s) pour que l’air circule et qu’entre la couleur.
Si le choix de comédien(ne)s Noirs et Blancs nous engage dans la concret de ces questions, si l’aménagement de l’espace nous fait re-sentir le choc entre fermeture(s) et ouverture(s), si la précision des éclairages et les atmosphères rendues par ombres et lumières oeuvrent dans le même sens, nous pensons, entre autre, que la durée du spectacle rend plus diffus le propos et qu’un resserrage l’aurait peut-être intensifié. Le malaise de Thérèse et sa force de vivre aurait pu en être accrus.
Web Heure Bleue : http://www.ville-st-martin-dheres.fr/heure_bleue_tarifs.html