Topick partage son poing de vue
26 juil. 2014Par Thomas Buisse (38), vu le mercredi 23 juillet 2014 à 19h20 au Festival d’Avignon au Cinévox.
Comédien : Thomas Buisse
Genre: One Man Shown Pédagogique
Tout public
Durée : 1h10
Questionnements plein d’humour sur l’homme moderne : son environnement économique, professionnel, médiatique. Suivis de propositions de solutions pour améliorer son positionnement dans l’entreprise.
Thomas Buisse propose une série de scènes comiques et sarcastiques dont le rythme s’accélère de plus en plus. Il démarre sur de la tchatche, des jeux de mots, en retranscrivant des échanges avec une autre personne puis utilise des tenues et accessoires divers, des objets insolites qui remplissent le plateau d’un joyeux bordel, pour finir debout sur une table avec des skis !
Ce one man show a le mérite d’aborder la situation de crise actuelle "qui dure depuis 40 ans", les conditions de travail des chinois et des pakistanais, la recherche effrénée d’une production toujours plus performante au détriment de l’environnement et du respect des individus, la quête de la performance, la manipulation politique et médiatique et l’utilisation de boucs émissaires pour canaliser la colère ambiante. "Avant on en voulait aux fonctionnaires mais ceux qui profitent sont les actionnaires, on a remplacé dans le bocal des poissons rouges avec des piranhas !!"
Pour proposer dans un one man shown cette thématique, merci et bravo ! Le comédien réussi à aborder ces thèmes avec légèreté, décalage et de nombreux jeux de mots (tellement nombreux que parfois on ne les intègre pas tous !).
Ainsi avec une tenue de policier et une casquette de rappeur, il parle de notre société et des "cases" où chacun d’entre nous est mis. Il porte ensuite un badge de "TF1" et un de "Télérama", le premier "cultive le fric", le deuxième cherche "du fric pour la culture". "Avec ça Google ne saura pas quoi me vendre !!"
Il parle des votes, de la perte de repère des électeurs désabusés et perdus. Il se met ensuite dans des situations cocasses et farfelues pour tenter d’être toujours plus efficace au sein de son entreprise.
Il aborde la lecture de journaux, moment réjouissant, en disant une anecdote: "vous savez que des scientifiques se sont rendus compte que les moineaux chantaient mieux quand ils étaient aveugles car ils ne voyaient pas leur cage !!" puis cite des extraits de Closer, du Monde, de La Provence… "Le Monde c’est comme un lac flou. Un lac clair, tu vois le fond, un lac obscurci tu ne distingues pas s’il y a un fond !" donc tu ne vas pas voir de plus près…
Il utilise de nombreux jeux scéniques décalés avec des accessoires détournés de leur utilisation habituelle (pince géante, fumigène, aspirateur…). Comme "Mac Donald" il veut réussir un produit très commercialisé alors qu’il ne fonctionne pas: "Après y avoir mangé, tu as encore faim !" Alors il fait notamment une pâte pour souder une équipe de travail avec des vitamines, des anxiogènes et du "speedy stick" (cocaïne), mélange de dynamisme, de bonne humeur constante et d’énergie sans fin ! Pour mélanger cette mixture du combattant entrepreneurial et faire un collectif soudé, il veut faire une pâte collante, pour cela il la jette frénétiquement dans tous les sens.
Toutes les astuces rythmiques, les gags et les situations sont du one man show, avec la particularité de dénoncer des situations absurdes dues au système capitaliste. Beaucoup de remarques font mouche, mariées avec des situations comiques, des blagues et des rebondissements décalés.
Le public a été embarqué au fur et à mesure avec de plus en plus d’enthousiasme. Thomas Buisse, bon comédien, habitué sans nul doute de la scène, inventif, maîtrisant ses techniques de jeux scéniques et dynamiques, sait se faire complice des spectateurs.
Ce spectacle a plein de qualités, j’ai passé un bon moment. Comme c'est annoncé dans le titre, il gagnerait à ne pas perdre le lien avec la thématique de départ, dans certains liens de sketchs, la conclusion de la scène avec l’employé d’entreprise et dans l’ensemble de celle du moniteur de ski. Bien qu’il le rappelle à la fin avec un "to be or not to be" version café-théâtre.
Un spectacle agréable et courageux à plusieurs endroits qui se renforcerait en maintenant son propos jusqu’au bout.
Samuel Raynaud