Chaotik ubu roiSpectacle de la compagnie Chaotik Théatre, vu au théâte de L'adresse. Adaptation tragico-clownesque de l'oeuvre d'Alfred jarry.

 

Mise en scène : Olivier Labiche
Avec : Juliette Mouchonnat (Mère Ubu), Olivier Labiche (Père Ubu) et Éric Afergan (Tous les autres personnages)

 


Jeune public à partir de 7 ans
Durée 1h10

 

VIVANT2-toiles-3.jpgUbu roi est une bouffonnerie de lycéen, devenu un classique. En effet Jarry n'a que quinze ans lorsqu'il compose cette pièce aux accents de grosse farce, mais véritable aventure créatrice pour son auteur. Le contenu de la pièce est pour le moins farfelu, caricature de pièces plus classiques en remplaçant des héros nobles, tragiques et au langage soigné par des personnages vulgaires, ridicules et qui parlent comme des charretiers. Rien de moins qu'une blague de potache ! Mais talentueuse... Et le tout est d'une actualité brûlante, puisque le pouvoir agit toujours de la même façon sur les hommes, quelle que soit l'époque.

Ubu, anti-héros qui synthétise à lui seul tous les travers humains possibles, devient roi d'une Pologne imaginaire par un régicide grotesque. Son règne, sa déchéance et les savoureux dialogues qu'il échange avec la mère Ubu constituent les cinq actes de cette pièce, conçue à l'origine comme un spectacle de marionnettes. Ubu roi, satire universelle de la stupidité et de la vulgarité, est peuplée de "personnages types".

La compagnie Chaotik a choisi d'élaguer, mais aussi de ne pas s'en tenir seulement à la pièce initiale. Elle adapte cette dernière en y ajoutant des bribes d'une série d'autres pièces et textes mettant en scène le Père Ubu. La compagnie choisit également d'adopter une dimension clownesque et sensible, et élargit ainsi le public d'Ubu roi aux enfants. C'est une sacrée gageure ! L'ont-ils tenue ?
Eric Afergan, qui joue une foule de personnages, nous livre une panoplie de postures et de mouvements d'une grande virtuosité, mêlée à une grâce poétique et drôle. Le couple Ubu, très bon lui aussi dans l'interprétation, échoue cependant à faire rire les enfants, mais la faute n'incombe sans doute qu'aux personnages inventés par Jarry, d'une bassesse trop criante pour amuser sans mélange. Les adultes trouveront avec jubilation (mêlée d'amertume) les ressemblances avec tel ou tel dirigeant du monde, passé ou présent, mais il n'est pas sûr que les enfants voient autre chose qu'un couple grimaçant. Cependant, ce n'est pas parce qu'on n'a pas entendu rire les enfants qu'il ne s'est rien passé en eux, et on préfère toujours qu'on les prenne pour des individus intelligents que pour une sous-espèce incapable de réflexion.

Saluons donc l'audace et la subtilité grotesque (ou la grotesque subtilité, comme on voudra) de cette adaptation aux multiples facettes du roi pourfendeur (ou créateur) de "merdre".

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