Un fils de notre temps
17 nov. 2009
Cette pièce tirée du dernier roman (1938) d’Odon Horvath, mise en scène par Jacques Osinski, a été donnée sur la scène de l’Amphithéâtre de Pont de Claix (38) le jeudi 12 novembre 2009.
Distribution :
Jeu : David Migeot et Alice Le Strat
Scénographie : Lionel Acat
Costumes : Christophe Ouvrard
Lumières : Catherine Verheyde
Dramaturgie : Marie Pontonet
Construction des décors et réalisation des costumes : atelier du CDNA
Crédit photos : Pierre Grosbois
Une production du Centre Dramatique National des Alpes
Coréalisation : MC2 Grenoble
Participation du Théâtre Jean Vilar de Bourgoin-Jallieu
Public : adultes et ados
Un homme assis à un pupitre écrit et nous glissons lentement dans son histoire : le parcours d’un jeune garçon au chômage qui dans une période historique tourmentée, trouve sa place et se réalise temporairement grâce à une idéologie populiste qui va forcément l’exclure. Alors qu’il n’a plus rien et qu’il pourrait sombrer dans le désenchantement le plus total, les nouvelles donnes politiques le poussent à croire qu’il a été choisi pour enfin accéder à un avenir glorieux, étoilé aux épaules : il sera soldat, servira son pays conquérant et brillera enfin aux yeux de ceux qui ont n’ont eu que du mépris pour lui.
La scène se compose d’un tryptique, dont le voile permet un jeu qui tantôt se profile, tantôt se donne à voir en avant-scène, et qui permet également que les protagonistes d’une même scène jouent non pas en face à face mais séparés dans l’action, étant à la fois ensemble mais seuls. Un manière de nous proposer l’espace et le déroulé des évènements en détaché et superposition(s), comme si l’histoire racontée se décomposait en histoires parallèles qui pourraient être racontées séparément et qui auraient pu tout aussi bien ne jamais se croiser.
Ainsi, ce jeune homme ordinaire qui aspire à ETRE néglige-t-il la rencontre possible, probable, avec une fille qui tient la caisse du stand du château hanté sur un terrain de fête foraine. Mais les déconvenues de la guerre, pas si propre et idyllique que ça, commises par une armée " régulière " qui multiplie les exactions, le ramènent par le truchement des évènements et des relations qu’il noue ou qu’il effleure, vers cet amour imaginé panaché de rêves de gosse. Un rêve de gosse qui demeurera inaccessible à l’assassin qu’il est devenu.
Une sorte de huis clos épuré, un monologue d’un homme en quête d’une fée qui lui apparait sous les traits tantôt d’une bonne soeur, de la veuve de son capitaine ou d’une mère de famille. Ce pourrait être un texte donné à entendre en lecture seule parce qu’il traite de l’intime. Une mise en scène qui sert l’analyse fine et percutante d’un auteur qui ne voulait pas s’inscrire dans la logique et la folie des " fils de son temps ".