vagabond-ages.jpgCompagnie Humaine (47), Avignon Off 2014, Théâtre l’Etincelle, le 23 juillet, à 11h45

 

De et avec : Rémy Boiron et Sébastien Le Borgne

 

vivant-3-toiles-4Genre : Théâtre musical

Durée : 1h20

Tout public à partir de 10 ans

 

J’avais beaucoup apprécié « la Danse des Mythes » mais la thématique du nouveau spectacle de Rémy Boiron n’avait pas vraiment retenue mon attention, au moins dans un premier temps. La curiosité l’a finalement emporté !

 

L’auteur et interprète a initié un travail autour du vieillissement, des maisons de retraite, au sein desquelles il a recueilli de nombreux témoignages, de résidents mais aussi de soignants. On pouvait craindre que le rendu ne soit misérabiliste. Mais c’était sans compter sur le talent de Rémy Boiron. Il donne vie à ces témoignages, se glisse dans les souvenirs évoqués, raconte d’abord la rencontre avec chacun de ses interlocuteurs, leur surprise qu’un comédien et un musicien s’intéressent à eux. Puis, bien vite, il « incarne ». Et pas seulement des êtres humains, il est capable aussi rendre un vieux meuble vivant ! Magique, Louis, Mme Ziehl, Abdel, le vieux buffet, sont là, devant nous. Fatalistes, mais drôles, qui parlent d’eux, de leur vie, d’hier et d’aujourd’hui, de demain peut être… Les souvenirs d’autrui le ramènent à ses propres souvenirs, ses « vieux » à lui, ses grands-parents, qui l’ont soutenu lors de ses débuts au théâtre, « tu y arriveras Rémy, tu y arriveras », alors qu’il comptait les spectateurs sur les doigts d’une main !

 

Rémy Boiron a l’art de rendre cohérente une mosaïque de témoignages, de textes, de souvenirs personnels… Quelques petits intermèdes au steel drum, les interventions musicales et échanges complices avec le musicien Sébastien le Borgne, qui a construit le spectacle avec Rémy Boiron, nous permettent de respirer un peu… Une incursion du côté de Gabin ou Maurice Chevalier, un petit tour dans le public pour distribuer quelques « poutous »… On avance doucement dans ce moment de partage. C’est parfois poignant, très poignant même, d’autant plus lorsqu’on a ses propres racines en Ardèche, comme Rémy Boiron…

 

Je crois que tous, nous aurions bien aimé poursuivre ce moment d’intimité, ce cheminement comme dans une « soirée contes », au coin du feu… ces flammes que l’on retrouve dans les petites bougies du souvenir disposées sur l’espace scénique en fin de spectacle. Quel magnifique vagabondage dans l’émotion !

 

Cathy de Toledo

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