ZenZaChaRaBia
02 mai 2014Spectacle de la Compagnie "Spiral' O Vent" (34), vu le 26 Avril 2014, à 16h à La Vista (34).
Mise en scène et jeu : Jessica Kieffer (danse) et Stéphanie Joire (violon et chant).
Genre : balade musicale et danse
Durée : 35 min
Public : de 2 à 8 ans
Jauge : 120 max. (enfants et adultes)
Création 2013
Sur scène, un simple paravent d’où se déroulent quelques feuilles de Ginkgo Biloba, le plus ancien arbre connu. Les saisons défilent, et le son du violon, la danse, les haïkus (courts poèmes japonais), les chants et les éclairages s'entremêlent en suscitant de multiples sensations. Dans ce spectacle tranquillement rythmé, Jessica Kieffer et Stephanie Joire associent avec beaucoup d'humour et de poésie une grande variété de sons et de mouvements, tout en invitant les enfants à participer.
Le violon est ici un personnage, que Stéphanie Joire anime et dont elle "joue" avec talent, dans les deux sens du terme: entre ses mains il prend une drôle de vie ! Ainsi en automne il rend un son tendu et aigre et donne parfois de drôles de musiques... L'archet accompagne tout seul la rentrée scolaire entre les mains de l'instituteur, mais il peut aussi se battre ou se faire canne à pêche. C'est à la fois surprenant et attractif. Voilà que cet instrument mythique réputé "compliqué" parle aux enfants et les initie à l'écoute attentive.
Et Jessica Kieffer, de son pas dansé, glissé, ondulé ou rythmé de claquements et de sifflements, escorte les changements de saison et son corps dessine l'espace, les animaux, les plantes. Ses évolutions font parler les gestes en montrant leurs capacités évocatrices. Les deux artistes se rejoignent en superbes duos. Elles manient l'humour et de nombreux effets comiques font éclater de rire les enfants. Toutes deux jouent aussi avec le langage sur des phrases courtes et répétitives de haïkus adaptés aux jeunes enfants. Stéphanie et Jessica séparent et scandent les mots pour les intégrer dans le rythme des mouvements, de la musique ou du chant. C'est très réussi, et les petits participent avec vivacité quand soudain il leur est demandé de deviner la suite. Les chants apportent des notes de merveilleux. A cela se joignent les éclairages, éléments essentiels du spectacle, qui nimbent ou créent des reliefs. A la fin de la représentation, Stéphanie Joire fait un cadeau aux enfants: elle leur consacre un long moment pour répondre à leurs questions, et leur expliquer en termes clairs l'architecture du violon avec des illustrations de son maniement. Les spectateurs, jeunes ou moins jeunes, montrent leur curiosité et profitent de cette occasion de proximité.
Ce beau spectacle, sensible et très captivant, offre une grande complexité, ce qui fait son originalité. Poétique, pédagogique, amusant et parfois franchement comique, il présente de multiples qualités visuelles et sonores. "Zenzacharabia" est difficile à classer, ce qui accroît son intérêt à une époque où l'on cherche à associer les pratiques artistiques, en particulier à destination des enfants. Outre son rôle d'initiation à la musique et à la danse, il fait manifestement preuve d'une belle efficacité pour enseigner à tous groupes d'enfants l'écoute attentive et leur faire découvrir le plaisir du maniement des mots par la joie du "charabia".
Catherine Polge