L'installation de la peur
L'installation de la peur

L’installation de la peur, un spectacle du Théâtre des Halles (84), vu au Théâtre des Halles le jeudi 7 juillet à 19h dans le cadre du festival Off d’Avignon. Relâches les 13, 20 et 27 juillet.

 

De : Rui Zink

Adaptation : Michael Stampe, Alain Timár

Mise en scène : Alain Timár

Interprète(s) : Charlotte Adrien, Valérie Alane, Edward Decesari, Nicolas Gény, Vadim Sher

Genre : Théâtre - Thriller tragi-comique

Durée : 1h30

 

J’avais repéré ce nouveau spectacle, pour son titre, son thème et son visuel. Dans le contexte que nous vivons, cela avait aiguisé ma curiosité et j’avais hâte de découvrir le traitement proposé. A découvrir...

 

Démarrage tonitruant du spectacle qui nous amène rapidement au cœur du sujet : deux fonctionnaires au look très kubrikien arrive dans l’appartement d’une jeune femme vivant seule avec son fils, pour procéder selon les nouvelles directives en place, à l’installation.

L’installation de la peur. Pour le bien de tous.

Dans une mise en scène dynamique et rythmée, j’ai apprécié le jeu de l’ensemble des comédiens -tous au taquet, même le pianiste- mais j’ai gardé une attention particulière pour le personnage de Sousa (Edward Decesari) grands et fort gaillard au look improbable, l’un des installateurs, ici au centre de l’affiche.

Nous sommes dans un théâtre qui flirt avec l’absurde dans sa forme, et dont le fond nous est bien connu : c’est notre existence quotidienne. Avec légèreté, humour grinçant et beaucoup de brio, les installateurs – accompagnée d’une meneuse de revue/commentatrice qui permet de développer certains points évoqués- décrivent les mécanismes qui amènent à la peur, aux peurs : la peur de la violence, la peur des crimes et des vols, la peur de la guerre, de la maladie, des terroristes – même si Dieu n’effraie plus trop par ici-, la peur des jeunes, la peur des vieux, la peur de la pandémie.

L’occasion de rallier tous nos fantasmes, toutes nos peurs, portés par la télé, les journaux, et les informations avec un objectif clairement définie : la peur permet d’assurer un meilleur ordre social.

Naomi Klein nous l’avait démontré dans « la stratégie du Choc » en 2007, mais ce spectacle permet, sous le couvert de ce théâtre d’humour particulier, de s’interroger sur ce sujet.

Vaste sujet d’ailleurs, car comme le rappellent nos fonctionnaires installateurs : « le plus beau avec la peur, c’est que chacun peut imaginer la sienne ! ».

Laissez-vous tenter.

 

Eric Jalabert

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