Fables
25 juil. 2016Spectacle de la Cie Tàbola Rassa (12), AVIGNON OFF 2016, Théâtre des Lucioles, à 10h30 du 07 au 30/07
D’après Jean de la Fontaine
Adaptation : J.B. Fontanarosa, Asier Saenz de Ugarte et Olivier Benoit
Mise en scène : Oliver Benoit
Avec : Olivier Benoit et Alexandre Jean
Genre : Théâtre
Public :Tout public à partir de 8 ans
Durée : 1h15
Après un passage par Marseille, la compagnie qui commit il y a quelques années cette mise en scène si particulière mais si inventive de "l’Avare" où les personnages étaient des robinets, est désormais installée en Aveyron. Le spectacle qu’elle présente cette année en Avignon tourne depuis déjà plusieurs saisons. Son titre n’est à mon avis pas spécialement accrocheur, et j’ai bien failli passer à côté… Comme cela arrive quelquefois, on sent dès le début du spectacle que l’on va vivre un grand moment ! La tenue des deux comédiens, dans le style "Men in Black" (mais en gris !), sobres (et chauves) tous les deux, le bric-à-brac qui règne sur le plateau, la musique swing sur laquelle ils esquissent une danse endiablée en préambule, tout semble de bon augure. De fait, on démarre fort avec "Le loup et l’agneau", qui donne le ton. Un bonnet de laine écrue à "oreilles", quelques bêlements, et voilà un agneau torché en deux coups de cuillère à pot… Et comme les temps ont changé, la pauvre bête ne s’abreuve plus dans une rivière, mais tète avidement quelques gouttes rescapées au goulot d’un vieux bidon de plastique!
Une quinzaine de fables, certaines très connues, d’autres beaucoup moins, sont ainsi mimées, jouées intégralement ou simplement évoquées, synthétisées. Des cartons d’emballage en grand nombre, des feuilles de papier ou de plastique, des bidons, ainsi qu’un fauteuil rouge, vont servir de décor. Quelques accessoires, des objets détournés, bonnets, gants, plumeaux, casque de chantier, un simple journal, un ballon de baudruche vert, vont permettre d’évoquer sans nul doute, un hibou, une grenouille, bref tous les animaux mis en scène par Jean de la Fontaine… Les machines à vent et à fumée complètent la panoplie des moyens mis en œuvre, qui permettront, d’ailleurs, de livrer un final grandiose…
Les "Fables" prennent un sacré coup de jeune, grâce au talent, à l’inventivité, à l’énergie de ces deux "men", sans oublier leur voix qu’ils savent moduler. Les transitions musicales entre les "sketches" sont soignées et font appel à des styles musicaux différents, opéra, musique de chambre. De nombreux clins d’œil savoureux régalent les adultes, comme cette évocation de "YMCA" de Village People… Je concède qu’on en oublie un peu la morale des fables, bien que le simple fait que tout le spectacle se déroule finalement au milieu d’une sorte de décharge, constituée par les déchets de notre société de consommation, soit déjà un rappel des comportements destructeurs de l’homme. Mais pourquoi ne pas se laisser aller simplement au plaisir de rire ? Il sera temps ensuite de se replonger dans un recueil des "Fables", pour en apprécier à loisir les messages. Pour l’heure, on aimerait que ça puisse durer plus longtemps, car 75 minutes, c’est franchement trop court ! Mais ce Jean de la Fontaine, il en a écrit des centaines de fables. Alors peut-on caresser l’espoir qu’un opus 2 voie le jour, bien sûr, traité dans un autre registre, mais de manière toujours aussi drôle et inventive…? Pour cela, je crois qu’on peut faire confiance à ces deux artistes.
Cathy de Toledo