"J’irai twister sur vos tombes" Chronique plurielle et populaire

Spectacle de La Cie des skieurs de fond (54), vu le 9 juin 2016, dans le cadre du ‘’Festival Molière, le théâtre dans tous ses éclats", au Théâtre Municipal de Pézenas

Texte : Astien Bosche

Mise en scène : Fanny Zeller

Musique : Timothée Hamy

Interprètes : Aurélien Osinski, Clara Brajtman, Baptiste Nénert, Nessim Vidal, Anne-Laure Laither, Marie-Mathilde Amblat, Clément Beauvoir

Genre : Théâtre comédie musicale

Durée : 1h10

Article co-écrit par : Didier, Jean-Marie, Mailys, Valérie, Isabelle, Laetitia, Léonie, Xavier et Jean-Luc; montage de Flavia Perez

A la fin d’un discours de circonstance lançant le ‘’Festival Molière, le théâtre dans tous ses éclats’’, les lumières s’éteignent et la nuit s’empare du lieu. Soudain un éclairage cru inonde la scène et les acteurs se placent en silence dans le noir, pratique qu’ils répéteront plusieurs fois avec brio au cours de la représentation, dont une séquence sur un rythme quasi stroboscopique parfaitement maîtrisée. Mais auparavant la déception s’épaissit d’un cran en constatant que les acteurs se mettent à chanter. Oh non, tout mais pas ça ! Moi qui, depuis l’enfance, ai toujours eu horreur des comédies musicales sirupeuses qui faisaient la joie de ma mère. Mon trouble se calme peu à peu quand je me rends compte qu’il s’agit avant tout d’une parodie. Une loufoquerie musicale fort bien interprétée de surcroît, illustrant une fois de plus la palette élargie des comédiens actuels ajoutant le chant, l’instrument musical et la danse au jeu classique de la comédie. La pièce s’emballe rapidement en un vaudeville familial rondement mené par une équipe de 7 comédiens, 3 femmes et 4 hommes, débordant de joie et de talent pour nous faire partager leur folie de jouer et de jongler avec le thème récurrent de la vie de famille et celui plus particulier de la guerre d’Algérie. Trois comédiens en particulier me semblent parfaits dans leur rôle phare : la mère, hystérique veuve joyeuse ; la fiancée du fils, parfaite cruche niaise ; et enfin le cadavre aux castagnettes, plutôt discret mais ô combien présent. L’apothéose survient lors de la scène de l’accouchement impromptu jouée tambour battant par une équipe au sommet de sa folie avec cris et jet de sang du plus pur style Alien 1. Un vrai régal… à ne surtout pas présenter lors des séances de préparation à l’accouchement. Au final, je ressors du théâtre fatigué mais bien diverti par ce moment fort gai et tonitruant. Didier

Cette comédie écrite par Astien Bosche, mise en scène par Fany Zeller, jouée par 7 comédiens (4 hommes, 3 femmes) présente une satyre déjantée de la société française des années 60, à la manière d'un vaudeville sur une musique yéyé, très populaire à l'époque. La mise en scène, le décor et les lumières servent très bien le jeu des acteurs sur un rythme saccadé et soutenu tout au long de la pièce. L'alternance des dialogues et des chansons yéyé ne sont pas sans rappeler la Comédie musicale. Pourtant, cette légèreté extravagante et cette loufoquerie servent surtout à porter un regard grinçant parfois cruel sur les rapports humains au sein d'une famille, somme toute bien représentative d'une certaine France de l'époque et de ses travers. L’hypocrisie, l'étroitesse d'esprit, l'insouciance, les non-dits, les sujets tabous autour de la sexualité, les frustrations, la mort, les intérêts personnels, la cupidité, tout en voulant se donner bonne morale, avec en toile de fond les "événements" de la guerre d'Algérie. La comédie s'enchaîne ainsi en plusieurs saynètes où les acteurs semblent s'en donner à coeur joie, le public témoignant par leur rire, satisfaction et plaisir. Personnellement, un bon moment de détente et de drôlerie, sans pour autant en garder un souvenir impérissable. Jean-Marie

En arrivant au théâtre, je me sentais bien, agréablement reçue, bien placée au milieu du public nombreux. Ne sachant rien sur ce qu’on allait voir, j’ai cru au début que c’était une pièce de Molière mais pas du tout. Ils étaient 7 au total, j’ai trouvé qu’ils jouaient très bien et qu’ils étaient crédibles, le décor était réaliste. Il y avait du drame et du comique, le style de l’auteur était classique et agréable. J’ai trouvé ça génial, cela m’a provoqué du bien-être, je me sentais bien et j'en garde un bon souvenir. J’ai beaucoup rigolé et j’ai trouvé que ce n’était pas trop long, juste ce qu’il fallait. Mailys

Me voilà partie avec l’envie de découvrir, sans a priori, confiante et positive ! Eh bien quelle joie ! J’ai trouvé le scénario, sur le mode "Vaudeville yéyé", très réaliste même s‘il était interprété de manière fantasque, une nécessaire dérision pour traiter de sujets aussi lourds. L'amour, la notion de famille, la mort viennent interroger le public au plus profond de ses retranchements. J'ai d'ailleurs eu le même genre de ressenti avec le film "Un air de famille". C'est vrai, les relations humaines m'intéressent... Petite remarque annexe : lorsqu’une vérité éclate, elle entraîne et libère celles des autres et dépoussière nos consciences. Cette pièce, ces dialogues, ces interactions sont interprétés avec une lucidité renversante, cela renvoie forcément au vécu de chacun… Il y a eu de l’insolite, beaucoup de surprises, des jeux de lumière permanents venant créer de nombreux effets et, enfin, du paradoxe ! J’adore ! Ce constat me comble, donc que du bonus ! Merci pour le plaisir ! Valérie

Forcément comment ne pas penser au roman noir de Boris Vian "J'irai cracher sur vos tombes" ? Avec cette différence verbale de taille qui indique la référence au twist, ce genre musical des années 60. Nous sommes face à une famille classique, papa, maman, le fils et sa fiancée, la fille et son petit ami. Ils seront bientôt rejoints par le frère du père. Le décor est simple : un piano, un téléphone, deux murs et surtout une table de salle à manger que l'on transformera au gré des scènes en cercueil ou table d'opération. Sur fond d'émancipation de la femme et de guerre d'Algérie, en quelques actes cette famille va vivre les moments forts d'une vie : divorce, décès, mariage, guerre, naissance. Rien de très original si ce n'est la mise en scène qui ponctue les scènes de moments chantés et chorégraphiés en rythme avec les styles musicaux de l'époque. Je ne m'y attendais pas et cela me déstabilise un peu. Mais j'apprécie à sa juste valeur la performance des acteurs qui savent chanter, jouer la comédie, et pour certains jouer d'un instrument. Malheureusement je trouve la qualité de jeu des acteurs assez inégale. J'ai aussi été gênée par la diction qui manquait parfois de clarté. Une bonne part du public a ri souvent, même si, moi, tout ne m'a pas fait rire. Cela manquait parfois, à mon goût, de finesse. J'ai cependant souvent souri, et parfois ri aux pointes d'humour noir. L'ensemble m'a donc laissé une impression mitigée mais tout de même fort sympathique. Isabelle

Juste avant d’arriver pour voir le spectacle, je me suis disputée avec mon copain. J’avais pleuré. Cela m’a fait du bien de passer à autre chose. Le décor était magnifique, il faisait frais. J’ai particulièrement aimé quand la jeune femme a accouché, la comédienne était très expressive, même si je ne croyais pas au scénario, surtout au moment du suicide du père, parce que c’était trop gros. Cela m’a beaucoup plu, surtout l’humour et le décor. Je suis sortie du théâtre le cœur bien plus léger qu’en y entrant. Laetitia

Fête de famille, annonce de divorce, reproches mutuels, suicide du père ; quelle entrée en matière ! On va de surprise en surprise, ou vaudrait-il mieux dire de vacherie en vacherie, sans pouvoir reprendre son souffle, car le rythme est rapide et les 7 comédiens accomplissent avec brio et une évidente joie leur mission, soit en parlant, en dansant, en chantant ou en jouant d’un instrument. Les paroles chantées sont pour moi toujours un peu difficiles à comprendre mais cela n’empêche pas de saisir le sens ou non-sens de tout. J’apprécie particulièrement la prestation de la belle-fille qui en voit de toutes les couleurs. Le scénario n’a pas pour but d’être crédible mais de montrer ce portrait condensé et corrosif de la vie de famille. Les rires des spectateurs en témoignent, surtout lorsqu’une certaine cruauté s’infiltre dans les propos et les gestes. Certes, on rit bien, mais avec un petit arrière-goût et quelquefois un peu perplexe. Oui, c’est une pièce acerbe qui doit provoquer chez les spectateurs quelques souvenirs… Les comédiens ont bien mérité les applaudissements longs et forts. Je ne suis pas restée pour les rencontrer, je ne voulais pas diluer mes impressions. Maintenant, quelques jours après, je me dis que, certes, j’ai beaucoup ri mais néanmoins je n’éprouve pas l’envie de revoir cette pièce. Léonie

Avant la pièce, j’étais bien. Je ne m’attendais à rien, j’avais juste envie de voir cette pièce de théâtre dont je ne savais rien. Je ne connaissais pas le théâtre municipal de Pézenas, il m‘a beaucoup plu et j‘ai trouvé que j’étais bien assis. La pièce m’a apporté beaucoup de plaisir, surtout le jeu des acteurs, ils m’ont tous bien fait rire. J’ai trouvé que toute la troupe chantait bien, certains accompagnaient les chansons avec une guitare et un piano. Je garde un bon souvenir de la soirée. Cela m’a donné envie de voir d’autres spectacles. Xavier

Les décors, les costumes et les chansons de ce "Vaudeville yéyé" (ainsi Astien Bosche surnomme-t-il sa pièce) sont sans équivoque : on est projeté au tout début des années 60 au milieu d’une réunion de famille de Français moyens. Les vicissitudes de la vie de chacun de ses sept membres amèneront à traiter de tabous sociaux et familiaux que nous connaissons encore aujourd’hui. Sexualité, affectif, relation à la mort, vont dominer ce qui n’est pas tout à fait une comédie musicale, des sujets graves traités avec beaucoup d’humour et de fantaisie par une troupe qui dégage le plaisir de jouer ensemble, malgré de petites imperfections liées à l’originalité de la pièce ; pas facile d’être comédien ET chanteur et d’exceller dans les deux genres. Tout comme moi, le public semble s’amuser beaucoup et saluera "tout schuss", une heure et demie plus tard, par une belle salve d’applaudissements sincères, ces skieurs et skieuses de fond hors normes. Ce qui m’en reste aujourd’hui ?... L’envie de conseiller vivement d’aller assister à une représentation de l’OVNI qu’est cette création. Jean-Luc

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