Crédit Pierre Barbier

Crédit Pierre Barbier

Réfugions-nous

Spectacle de La Mondiale Générale (13) vu au Théâtre d’Arles le 13 avril 2023.

 

Conception : Alexandre DENIS

Opérateurs : Alexandre DENIS, Frédéric ARSENAULT, Julien VADET, Christophe BRUYAS

Création sonore : Julien VADET

Création lumière : Christophe BRUYAS

Régie : Vincent NOEL

Construction : Silvain OHL

Scénographie : Timothé VAN DER STEEN

Type de public : à partir de 10 ans

Genre : Cirque - Déambulation

Durée : 1h30

 

Nous arrivons sur la scène du théâtre. Oui je dis nous, car ce sont bien les spectateurs qui arrivent sur la scène, là où les artistes sont en train d’installer la scénographie. L’atmosphère, accentuée par une ambiance lumineuse et une création sonore très travaillées, est à la fois intime et inquiétante.

 

On ne sait pas très bien où se placer, on a un peu l’impression de déranger l’installation.  Je me questionne : restera-t-on debout pendant 1h30 ? Est-ce que je verrai bien de là où je suis ? Les artistes continuent à installer les agrès : des plots en bois de différentes tailles, alignés du plus petit au plus grand. Quelques spectateurs osent donner un coup de main  pour installer… oui dès le début on se sent invité à participer, mais en même temps on hésite.  Il me semble qu’il va être question de places, de participation, de  collaboration,… je ressens à la fois une certaine gêne et une liberté agréable.

Puis le réel travail des artistes commence : il va s’agir de se déplacer à deux d’un plot à l’autre en collaborant intimement, tant par la voix que par l’équilibre des corps. Ils doivent se soutenir, compter l’un sur l’autre, tour à tour en déséquilibre, jusqu’au plot le plus haut, très haut, là où je retiens mon souffle car la chute est toujours possible.

Puis tout bouge à nouveau, les plots se rangent et on comprend que des gradins s’installent, les spectateurs sont invités à aider. Chacun prend place et là encore un moment de flottement, de silence, de vide où chacun s’observe. Qui est acteur ? (au sens artistique mais aussi au sens de « qui va agir ? »). L’attente est à la fois gênante et drôle avant un intermède hilarant et décalé. Le travail sur l’équilibre reprend ensuite avec deux artistes moins aguerris (semble-t-il) mais qui, grâce à leur soutien mutuel, vont parvenir à rester debout.

Changement de plateau à nouveau, les gradins sont rangés avec l’aide de tous et va ensuite commencer une partie de « Mikado géant inversé ». De longs et fins morceaux de bois sont distribués aléatoirement, deux protagonistes vont commencer à les entremêler dans un équilibre à la fois précaire et solide, créant ainsi une base sur laquelle les spectateurs seront invités, deux par deux, à venir placer leur morceau de bois…l’équilibre ne pouvant être atteint que grâce à l’écoute et à l’observation de l’autre, grâce à la coopération et à l’entraide.

J’ai vécu une expérience nouvelle grâce à un spectacle à la fois doux, lent, intrigant, inquiétant, drôle. Une expérience tant personnelle que collective où le spectateur est au centre du dispositif, porté par la proposition, simultanément dérangé et rassuré.

Un spectacle des paradoxes, comme la vie, à la fois inutile et essentielle, comme de se tenir en équilibre sur des plots de bois !

Un spectacle que je conseille vivement si vous voulez surprendre, faire rire, faire réfléchir, décaler les regards, bousculer les habitudes. Ce soir-là, à Arles cela a bien fonctionné avec un public composé d’adultes mais aussi de collégiens qui sont aussi entrés dans la proposition.

 

Marie-Pierre HUSSON

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