Parce qu'on a toustes besoin d'un peu espoir
Parce qu'on a toustes besoin d'un peu espoir

Un spectacle de la Compagnie Cabas (93), sur une commande du CNAC (Centre National des Arts du Cirque - 51) et vu à la Villette Paris le 31 janvier 2024.

 

Mise en scène : Sophia Perez 

Auteurs.ices interprètes : 35ème Promotion CNAC

Mise en mouvement :  Karine Noel

Circassiens : Anouk Weizberg, Antonia Salcedo de la O, Carlotta Lesage, Cassandre Schopfer, Faustine Morvan, Isaline Hugonnet, Mats Oosterveld, Matthis Walczak, Nina Sugnaux, Thomas Botticelli, Yu-Yin Lin

Costumes : Maïlis Martinsse

Genre : cirque contemporain

Public : tout public

Durée : 1h30

 

J’ai souscrit à mon rituel annuel : découvrir la dernière promotion du CNAC. Cette édition intitulée "Parce qu’on a toustes besoin d’un peu d'espoir" est tout simplement exceptionnelle.

 

L’accueil du public se fait dans une ambiance qui n’est pas sans rappeler celle du Cirque Electrique, queer et musicale. Les gradins sont chauffés avec force gestuelles et éventails. D’emblée, il s’agit de faire famille et de promouvoir le collectif.

Le spectacle s’ouvre par un questionnement choral sur le sens de la vie, de celle que ces tout jeunes gens aspirent à construire bien loin des tristes diktats d’aujourd’hui. Si on parle beaucoup et bien dans ce spectacle, les 11 circassiens, 4 hommes et 7 femmes, vont opposer à la laideur du monde l’énergie de la beauté.

Pour mieux s’immiscer dans les failles du système, tels des caméléons, ils n’ont de cesse de se changer : de genre, de costume, de perruque. Ils font corps dans des tableaux inoubliables comme celui de la scène d’ouverture où le groupe danse autour de la piste, la traverse, psalmodie sa colère tandis que Cassandre Schopfer évolue en roue Cyr acrobatique. Ce monde vulgaire, ils le parodient avec la non moins délectable scène de défilé façon Victoria Secret. On rit mais l’émotion est à son comble quand Isaline Hugonnet enlace Yu-Yin Lin dans le fil du diabolo pour l’inciter à raconter l’histoire de l’aéroport. Dans ce monde d’indifférence, comment faire lien ? C’est Antonia Salcedo de la O qui montre la voie en parvenant par ses acrobaties à arrêter la marche pressée et impassible des autres. C’est comme une mise en abyme de la mise en scène.

 Fluide, sa force réside dans le dosage parfait du collectif et de l’individuel. Ils sont tous excellents dans leur spécialité. Ils sont tous beaux mais à titre personnel, en dehors des numéros déjà cités, j’ai été particulièrement sensible à la sensualité de la danse de Mats Oosterveld (pianiste éminent par ailleurs), à la virtuosité de la discrète Yu-Yin Lin au diabolo, à l’espièglerie de Thomas Botticelli au trapèze.

"Parce qu’on a toustes besoin d’un peu d'espoir" est un spectacle politique et poétique, drôle et poignant, dynamique et généreux. On sort converti à leur slogan : "amour, lutte et beauté".

 

Catherine Wolff

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