La salope du village
La salope du village

Spectacle de Pierrick de Luca (Liège) sortie de résidence, vu au Théâtre des Doms à Avignon (84) le 23/11/23 à 19h.

 

Conception et jeu : Pierrick de Luca

Dramaturgie et jeu : Zoé Kovacs

Type de public : à partir de 14 ans

Genre : Enquête théâtrale

Durée : 1h

 

En entrant, les spectateurs sont cordialement reçus par les comédiens leur proposant un verre de porto. Sympa ! Le plateau est encombré d'un bureau avec ordinateur, genre vieux bureau d'instit de primaire, deux chaises, une autre table pas plus récente, avec un appareil de projection en face d'un écran blanc. Le mobilier est d'époque vintage, comme le présente la comédienne "conférencière, enquêtrice".

 

Les lumières restent allumées dans la salle et Pierrick de Luca nous expose un sujet qui lui tient à cœur, le questionne et l'inquiète : plusieurs personnes ont disparues du village.
Elles ont toutes un dénominateur commun, elles ont été rejetées, insultées, calomniées, exclues par une majorité des gens du village soi-disant bien pensants à cause de leur comportement "aguicheur, vulgaire ou frivole", ou d"autres pour leur différence de genre ou physique.
Ce constat que les acteurs font entre "les faibles et les robustes", ils nous le présente sous forme de semi conférence et ces pseudos enquêteurs nous exposent des faits en lisant des commentaires sur ces personnes dont les visages sont projetés au fur et à mesure sur l'écran. La principale d'entre elles étant "La salope du village".

Ils nous prouvent qu'en amont ils ont fait un gros travail d'investigation en donnant moultes renseignements sur le village, les alentours et ses habitants...
Bien sûr il y a des moments drôles, avec cet humour belge particulier qui étoffe des éléments de leur enquête. Par exemples : l'actrice vaporise, à plusieurs reprises, pour que le public sente l'odeur dont est en train de parler l'acteur, ou la photo projetée sur l'écran d'un cendrier plein de mégots, un des dénominateurs commun aux disparues, elles fumaient toutes beaucoup, beaucoup, à un moment, ils font une même chorégraphie, en agitant leurs bras...
Ils leur importent tellement à ces deux acteurs que le public comprenne leur questionnement, ce paradoxe entre des gens ouverts et tolérants contre une minorité à se demander, nous spectateurs, si nous avions été dans tel ou tel camp, cas, dans notre vie ? 
Leur conclusion fait froid dans le dos et pourrait bien être plausible.


Ce spectacle m'a bien plu : sa mise en scène, le sujet traité, ses acteurs sympathiques qui s'adressent directement à nous, bien dans leur rôle. J'espère que le théâtre des Doms le sélectionnera pour le festival 2024.

 

Marie-Laure CROSTA

 

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