Un riche, trois pauvres
20 oct. 2008Nous avons assisté à la représentation en direction de scolaires le vendredi 17 octobre 2008 à l’Espace Culturel Paul Jargot à Crolles (38). Une production de la compagnie grenobloise Alter-Nez et Hervé Haggaï, actuellement en résidence dans ce lieu, d’après un texte de Louis Calaferte.
Distribution :
Mise en scène : Hervé Haggaï
Jeu : Véronique Boulard, Laetitia Boule, Guillaume Douady, Gérald Garnache et Cyril Griot
Son : Gaël Boffard
Lumière : Hervé Cadet-Petit
Aide : Hélène Duhamel
Tout public : à partir de 10 ans
Crédit photos : Laurence Fragnol
Si l’on cherche un rapport entre le spectacle et le titre, difficile de le trouver. Mais est-ce bien important ? Le metteur en scène parle d’une de ces pirouettes qu’aimait faire Calaferte. Si l’on cherche encore un lien manifeste entre les scènes, il n’est pas évident au premier abord et pas nécessairement voulu.
Une fois ces principes énoncés, voilà donc un spectacle de clowns qui commence par une simili manif où d’emblée on comprend que ce qui va nous être dit et montré tirera son essence des composantes de la société, tant sociales qu’institutionnelles. On oscille donc, dans un décor mouvant de cartons en tous genres, entre :
la salle éclairée-la salle obscure, avec le jeu centré sur scène
des moments recentrés-un jeu exacerbé le tout, ponctué de la phrase "ça va les p’tits enfants" qu’on peut entendre notamment dans le théâtre de Guignol, émaillé de temps musicaux qui permettent les passages, de phrases comme "Caribou et Carabosse, et v’lan et v’lan pour ta carcasse" qui tentent de déjouer les mauvais sorts...
Si le décor n’est que récupération et bric à brac, l’engagement des comédien(ne)s se fait au plan de la multitude de personnages endossés tout du long, avec changements de costumes et remaniement des espaces de jeu(x), utilisation de techniques comme le théâtre d’objets à certains moments. Une demande technique importante faite par le metteur en scène et qui implique la nécessité pour les protagonistes d’être à la fois en scène et soucieux de manipulations constantes. Un "dedans-dehors" exigeant pour évoquer un univers qui se délite, où tout un chacun a une peur bleue de se confronter à la Mort, présente à plusieurs reprises sous divers oripeaux. "Le monde est fou et court à sa perte avec nous tous dans la même galère". Cette folie du monde, elle nous apparait dans l’agitation des personnages, leur(x) exubérance(s), dans ce qui va à contrario de la bienséance et de la conformité aux règles qui régissent le "vivre ensemble". Somme toute, combien de solitudes, d’isolements que la société produit et que pourrait peut-être briser la parole ?
A notre sens, une prestation un peu longue, qui perd parfois en intensité par la multiplicité des propositions. Peut-être des choix à faire pour resserrer le propos et le rendre plus percutant ? De bons moments grâce à l’énergie qu’on peut reconnaître aux comédien(ne)s avec une part d’enfance, de gravité, voire de provocation(s). Un spectacle dont on se demande s’il n’aurait pas pu être adapté au spectacle de rue, avec des ajustements évidemment, sous une forme plus courte.
Contacts Espace Paul Jargot, rue François Mitterand, 38920 Crolles :
tél : 04 76 04 09 95
web : www.ville-crolles.fr