Auteur : Eric-Emmanuel SCHMITT (2003)

Spectacle du 28 février 2009 donné par la compagnie théâtre de La Palabre (30).

Cette pièce avait été créée en 2003 au théâtre Edouard VII avec Charlotte Rampling et Bernard Giraudeau.

L’auteur, né en 1960 à Sainte-Foy-Lès-Lyon, est un des auteurs francophones les plus lus au monde.

Le théâtre de La Palabre a été créé en 1991 par Elisabeth Gavalda. Il a à son actif plus d’une trentaine de pièces. Dans « Petits crimes conjugaux » ce sont Elisabeth Gavalda et René Fernandez qui se donnent la réplique.

 

Samedi 28 février 2009, j’ai été invité par Elisabeth GAVALDA, La Palabre, à une représentation de « Petits crimes conjugaux » d’Eric-Emmanuel Schmitt. La pièce fut jouée dans la bibliothèque municipale du petit village de Brignon, dans le Gard.

            Dans la très jolie salle de la bibliothèque, avec ses plafonds voûtés et ses murs en pierres apparentes, une cinquantaine de chaises avaient été installées.

            Les spectateurs prirent place peu avant 19H dans une salle convertie en appartement dont quatre espaces, au milieu d’eux, avaient été réservés pour le jeu des acteurs. Toutes les places furent prises.

            Juste avant le spectacle, nous fûmes plongés dans un noir total. Au bout de deux minutes d’attente dans l’obscurité, un octogénaire facétieux s’écria : « C’est pas mal mais c’est triste. » provoquant l’hilarité du public.

  Quand la représentation débuta, seuls les quatre espaces  (l’entrée, le salon, la bibliothèque et le bureau) furent éclairés.

            Dès l’entrée en scène des personnages, nous fûmes pris dans l’intimité d’un couple déchiré par ses doutes après quinze ans de vie commune. Gilles et Lisa s’aimaient mais s’aimaient-ils vraiment ?

            Nous étions chez eux, dans leur appartement ; nous étions témoins privilégiés de leur relation.

Tous deux revenaient de l’hôpital. Gilles avait eu un accident il y a quelques jours, ici même, dans leur appartement. Il a glissé dans l’escalier et sa tête a heurté la poutre ; il a perdu la mémoire. C’est cette mémoire que sa femme va tenter de lui rendre.

            L’occasion est trop belle pour restaurer partiellement cette mémoire, en ne ranimant que les bons souvenirs, en occultant ce qu’on veut oublier à jamais.

            La quête d’informations menée par Gilles sur son propre passé est-elle sincère ? Ne joue-t-il pas sur la situation ? Qu’y a-t-il de vrai dans les propos des deux époux ? Que se cachent-ils ? Peuvent-ils profiter du handicap de Gilles pour reconstruire leur amour comme il auraient voulu qu’il soit, comme ils auraient voulu qu’il évolue ? Gilles a-t-il réellement glissé dans l’escalier ?

Elisabeth Gavalda et René Fernandez sont éblouissants de naturel. Ils nous bluffent à tour de rôle, nous invitent à les suivre pleinement dans leur dialogue. Le texte est magnifiquement ciselé, il recèle de vraies questions sur le temps, les relations hommes/femmes, l’amour, l’usure du désir. Les acteurs sont convaincants de bout en bout.

            Non loin de moi, à la fin de la pièce, une femme était en larmes. Nous étions entrés pleinement dans l’intimité de Gilles et Lisa et leur histoire a su nous passionner, nous émouvoir.

Cette pièce a besoin d’une salle intimiste, petit théâtre, salles de bibliothèques ou médiathèques, appartements.

Qu’on se le dise : Invitons La Palabre pour le plus grand plaisir de tous !


Merci à La Palabre pour ce moment exceptionnel de vrai et beau théâtre.

 

Jean Fontaine

Le Délégué de la Ligue de l’Enseignement du Gard (FALEP)

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