De la compagnie : L’heure du loup (30)

Texte : Philippe DORIN (Molière jeune public 2008 avec le spectacle « L’hiver 4 chiens mordent mes pieds et mes mains »)

Mise en scène : Michel  FROEHLY

Comédiens : Sylviane SIMONET, Florent NICOUD, Désiré SAORIN

Musiciens : Michel FROEHLY (guitare), Maxime MALKA (batterie), Claude SAUT (basse)

            On ne peut s’empêcher de penser à « En attendant Godot » de Samuel Beckett en voyant cette pièce.

Deux copains et une copine, marginaux et buveurs, vivant à l’écart du monde, « dans l’angle mort de la vie ». Leur amie la plus proche est la bouteille, cette bouteille « qui donne sa forme au vin ». Pour vider la bouteille il faut remplir les verres d’où la conclusion : « Le vide nous comble ».

Il n’y a pas de décor mais les acteurs suggèrent des lieux, des meubles, des pièces.

            Toute activité est tournée en dérision. Par trois fois, des spectateurs (essentiellement des spectatrices) sont invité(e)s à suivre les activités fantaisistes des comédiens sur la scène avec eux: danses de salon, visite d’un appartement imaginaire, …

            Derrière le plateau où se joue l’inactivité des personnages il y a un orchestre. Cet orchestre apparaît par intermittence et joue de la musique rock.

            Les élucubrations des personnages étonnent. On rit, on rit souvent. Les « moments de poésie », les dialogues confinent à l’absurde, jouent sur les mots, les situations, des problématiques existentielles.

            La mise en scène est irréprochable. La pièce dure 1H15 et on est déçu quand elle prend fin.

Les acteurs nous plongent dans leur  folie, leur vacuité, leur déraison raisonnable, leur logique désarmante avec un naturel éblouissant.

On y croit, on les suit dans leurs délires. On est bien et on se laisse porter par leurs voix à travers l’incohérence des propos. Même si les mots partent dans tous les sens, chaque spectateur y trouve le sien.

            Ce spectacle peut être vu par tous les publics. Les plus jeunes riront aux situations burlesques, aux mimiques clownesques, les autres s’amuseront aussi du ping-pong des mots.

Certains ne pourront s’empêcher de voir derrière la drôlerie des scènes, la misère de trois vies (comme il y en a tant aujourd’hui) ballotées sans but et sans raison sur le fleuve du temps.

Bravo à « l’heure du loup », Philippe Dorin a beaucoup de chance d’avoir de tels interprètes.

Merci aussi au Périscope de m’avoir invité.

 

Jean FONTAINE

Le Délégué « Culture et éducation » de l’Enseignement du Gard

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