Compte-rendu des deux tables rondes sur le réseau passerelles

 


Ces deux tables rondes ont accueilli pendant le Festival Off d’Avignon, une dizaine de personnes à chaque fois et ont permis d’échanger de façon très ouverte sur le principe du réseau et de partager l’expérience menée en 2008 avec le Réseau Passerelles en Languedoc Roussillon.

Il est à noter que plusieurs lieux ou festivals n’ont pas pu se rendre disponibles pour ces tables rondes mais ont souhaité recevoir des informations pour rejoindre éventuellement le réseau.

Nous remercions ici tout particulièrement l’Adresse et l’Espace Alya, qui nous ont accueillis pour ces tables rondes.

 

1. La présentation du réseau :


Intervention d’Eric Jalabert, directeur de l’AdAdiff / Vivantmag pour présenter le réseau,
son objectif  et le cadre du test réalisé en 2008 :

Le réseau a pour objectif de favoriser la circulation des spectacles sur le Grand Sud Est et au-delà de leur territoire naturel. Il permet ainsi aux lieux de soutenir des spectacles coups de cœur, de compagnies régionales, qu’ils souhaitent faire partager à d’autres structures.

Ce modèle de réseau informel qui consiste à se donner des contacts entre lieux « amis» existe déjà. L’idée est de le formaliser et de l’élargir au plus grand nombre de lieux partageant cette envie d’échanger. A la fois en présentant des spectacles de compagnies qu’ils ont accueillis et qu’ils souhaitent faire partager à d’autres et aussi en accueillant des spectacles coups de cœur d’autres membres du réseau dans leur programmation.

A la différence des autres réseaux existants, le Réseau Passerelles se veut ouvert, solidaire, facile d’accès, avec un fonctionnement simple et pragmatique et sans enjeux de pouvoir.

 

2. Le test :


Cette idée a été partagée par quatre lieux indépendants en Languedoc Roussillon, qui ont souhaité la mettre en pratique durant l’année 2008. L’AdAdiff a porté ce projet avec les quatre lieux qui ont souhaité démarrer ce test, à savoir :

- Le Théâtre de Poche de Sète (lieu indépendant de 50 places)

- Le Mobile Homme Théâtre à Nîmes (lieu indépendant de 100 places)

- La Station Mir à Pézenas (lieu indépendant de 60 places)

- Le Foyer Rural de St Génies (nouveau lieu Jeune Public de 80 places)

 

Concrètement, cela s’est traduit par une dizaine de spectacles proposés par les lieux et une dizaine de dates générées sur les 4 lieux, essentiellement en co-réalisation, mais avec certains spectacles achetés également.

 

Pour conclure la présentation, il convient de préciser que sur les quatre lieux au départ, la Station Mir a arrêté son activité assez rapidement, et le Foyer Rural qui travaillait en étroit partenariat avec elle, n’a ainsi pas pu poursuivre sa collaboration.

 

Il semble donc qu’avec très peu de lieux participants et avec de très faibles moyens, cette expérience ait permis de générer une dizaine de dates, ce qui en soit représente un premier résultat positif.

Néanmoins, cette expérience a également permis de mettre en avant les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de ce premier test, faisant ainsi apparaître les points forts et les points faibles de ce nouveau dispositif.

Ces différents points sont évoqués, discutés et commentés par les participants des Tables Rondes.

 

3. Les témoignages des participants :


Les trois membres du réseau ont fait part de leur expérience, en intervenant de façon croisée avec les participants de la table ronde. Intervention de Clara Lapierre (administratrice du Mobile Homme Théâtre), de France Jehanne Lee (directrice du Théâtre de Poche) et de Julien Masdoua (directeur de la compagnie du Capitaine).

Nous ne reprendrons pas ici l’ensemble des interventions de chacun, mais les principaux points qui ont été évoqués et discutés.

  • Le fait de travailler avec des lieux indépendants, et fonctionnant le plus souvent en co-réalisation (partage des recettes) a limité forcément les échanges avec les compagnies. Il convient de l’élargir à des structures disposant d’un peu plus de moyens. (Eric Jalabert)

L’extension du réseau à des lieux plus importants semble indispensable. En effet, si certaines compagnies peuvent travailler en co-réalisation dans des lieux proches d’eux, cela devient difficile dés que la distance s’allonge.

Il convient donc de constituer des groupes homogènes (lieux non aidés, un peu soutenus ou subventionnés de façon plus importante) permettant à chacun de bénéficier de conditions préférentielles dans leur accès aux spectacles.

A partir de jauge de 200 à 250 places, la question de la co-réalisation peut s’envisager même sur des spectacles importants. Néanmoins, il ne faut pas que le prix des places soit moins cher que dans les structures subventionnées… (Fred Tournaire, Cie Vertigo)

  • Il est important de définir ce qu’est un « coup de cœur ». Il y a forcément une question de confiance. Il faut aussi que l’échange se fasse dans les deux sens. L’un des lieux participant n’a proposé aucun spectacle dans ses coups de cœur. Comment doit on l’entendre ? ( France Jehanne Lee)

La question de la confiance est propre à tout échange. Ce qui plait aux uns, ne plait pas forcément aux autres. C’est valable également dans le cadre des spectacles soutenus par d’autres réseaux. Il n’existe pas, et heureusement, d’absolu, mais cela permet malgré tout de minimiser la prise de risque.

La relation importante dans le réseau est la réciprocité : les lieux et les festivals  ont envie de faire partager à leur public des spectacles qui leur plaisent ou qui les touchent… sinon à quoi bon programmer ?

Malheureusement, nous avons pu constater que des lieux sont incapables de proposer des coups de cœur. Veulent-ils les garder pour eux ? Ou n’ont-ils simplement rien qui les fassent vibrer ?  

  • Le problème de la diffusion est aussi lié à la série (tournée homogène de plusieurs dates) et c’est important de pouvoir organiser des tournées qui permettent de réduire les coûts (Jacques Olivier Durand, responsable de Hérault Diffusion).

Il est difficile pour le réseau Passerelles, à l’heure actuelle de travailler dans une optique de constitution de tournée. C’est un travail important qui demande de gros investissements en amont et qui nécessite un réseau d’au moins une vingtaine ou une trentaine de lieux homogènes. Néanmoins nous ne perdons pas cet objectif de vu, et des dates seront regroupées chaque fois que cela sera possible. Il est même possible d’imaginer qu’un lieu qui souhaite programmer un spectacle n’appartenant pas aux coups de cœur, se rapproche d’autres lieux pour constituer une série de 2 ou 3 dates.  

  • Le réseau a permis de développer une relation à long terme avec la compagnie du Capitaine, avec qui nous travaillons maintenant régulièrement. Je n’étais personnellement pas là quand le réseau s’est mis en place, mais je crois que cela a permis de découvrir et de rencontrer d’autres équipes. (Clara Lapierre)

La compagnie du Capitaine est programmée dans des rendez-vous mensuels depuis une année au Mobile Homme. De plus, plusieurs spectacles jeune public du réseau  ont été programmés dans le cadre d’une action de quartier à Nîmes.  

  • Notre expérience a été très fructueuse avec le Mobile Homme, mais nous avons eu une mauvaise expérience avec l’un des lieux, qui ne nous a pas fourni ni l’accueil, ni les moyen technique pour travailler. Néanmoins, je crois tout a fait à la viabilité d’un projet de ce type ( Julien Masdoua)

Le respect des « normes communes d’accueil » se fait dans le cadre de la signature d’une chartre, au moment d’intégrer le réseau, tant pour les lieux que les compagnies. Mais il est impératif de faire également un suivi en continu. Les compagnies, comme les lieux, doivent faire un retour sur chacune des dates générées, afin de mesurer la qualité de l’échange pour les deux parties. En cas de problème, cela permet d’en être informé et de mettre en garde la structure concernée.

Par ailleurs, les compagnies peuvent être sollicitées pour faire circuler l’information sur le réseau auprès de lieux susceptibles de partager cet état d’esprit.

   

4. Conclusion :

 

Le réseau et l’état d’esprit que nous souhaitons mettre en place, semblent être une piste, un outil intéressant à développer, tant la situation de la diffusion est difficile.

Il s’agit de constituer une base de fonctionnement commune, pour créer dans les deux prochaines années, un réseau d’au moins une vingtaine de lieux et festivals, mais susceptible de s’étendre à plusieurs centaines de structures, pluridisciplinaires ou thématiques permettant de faire circuler les création régionales et de mettre en place des tournées.

 

Le projet de Chartre du Réseau est en cours d’évolution en fonction des différents points évoqués lors de ces tables Rondes.

Les structures intéressées sont invitées à contacter l’AdAdiff pour étudier ensemble les modalités d’adhésion au réseau.

 

 

 

 

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