Les enfants soldats
23 mai 2007Vaber Douhouré, conteur, s'est entouré, à l'occasion du festival des Arts du Récit en Isère, de deux comparses :
N'Guess Lohoux : guitare et chant
Candince Brunet : sax et chant Compagnie "L'île désirée" Lundi 21/05/2007 au Théâtre Prémol de Grenoble (38)
Tout public à partir de 12 ans Durée approximative : 1h10
Nous avions croisé furtivement le chemin de Vaber Douhouré il y a quelques années de cela au château de Vizille, lors d'une racontée en direction d'enfants. Nous éprouvions donc une certaine curiosité à voir où cet artiste en était de son parcours et quelles directions il avait pu prendre. Pour cette création, choix a été fait d'une mise en espace sobre : 7 plots en arc de cercle, avec pour certains des objets posés dessus
des artistes vêtus de sombre
un crochet suspendu
Reflet voulu d'une sobriété ?
Un air de sax dans les coulisses, la musicienne qui entre et fait quelques pas avant de prendre place sur un des plots ; puis le conteur arrive et s'adresse dans sa langue natale aux objets posés , comme s'il s'agissait de personnes : une lampe à pétrole, une paire de ciseaux, une poupée barbie, une botte d'enfant,un mètre de couture. On verra plus tard qu'ils sont étroitement liés à des destins, destins chamboulés, malmenés voire amputés ou détruits. Ce sera "Un voyage sur les ruines de l'humanité". Le ton est donné et chaque spectateur(trice) sait bien que le parcours entrepris ne sera pas sans heurts, sans chutes... Vaber Douhouré a fait là un pari difficile, il s'est donné une sorte de défit à relever : parler de l'impensable, de l'insupportable, de ce qui lui prend les tripes, là, devant nous.
Parce que la musique s'insinue dans les silences de la langue, elle tourne comme la roue du temps, et offre des accents entre jazz et blues, tango et Nougaro et bien sûr sonorités africaines. Elle contribue à marquer les arrêts sur image(s), parfois. Le guitariste est placide, comme immuable, inébranlable. Le sax tente plusieurs fois une envolée, une échappée, au-dessus des notes égrenées. Le chant aussi vient s'immiscer dans le dévidoir des mots et on se prendrait bien volontiers à en entendre plus, comme ces berceuses que les mères du monde fredonnent à leurs enfants, comme une respiration nécessaire pour créer de l'espace. Il y aura eu un trio vocal, seulement... Doit-on dire "dommage" ?
On garde, à la fin du spectacle, un goût d'inachevé : la gestation n'est parvenue que partiellement à son terme et il faudra encore du temps pour que le conteur trouve la bonne distance face aux histoires qu'il a choisi de dire, mais aussi pour qu'il trouve sa juste place, sans avoir à nous rappeler que si c'est dur pour nous, ça l'est aussi pour lui, sans présumer de ce que le public ressent. La seule présence des objets comme des sortes de témoins rescapés de l'horreur suffit. Il faut laisser au silence l'espace de s'installer qui aidera chacun(e) de nous à entrer en lui(elle)-même et à éprouver. Le silence, voire des bascules nettes d'un récit à un autre, c'est ce qui probablement aurait été réellement percutant. Au lieu de cela, le conteur, bien des fois, conclut les histoires avant même de les avoir racontées ; s'il nous donne d'emblée les dénouements, les raisons de dire n'ont plus forcément cours... Reste les liaisons malheureuses qui sont plus déplacées que décalées. Il nous reste à imaginer que la maturation et l'intégration feront leur oeuvre et que ce spectacle pourra faire chemin de mémoire(s).
Centre des Arts du Récit : Couvent des Minimes, rue du Docteur Lamaze, 38400 St Martin d'Hères Tel : 04 76 51 21 82 - Fax : 04 76 51 71 23
Site : www.artsdurecit.com
Mel : info@artsdurecit.com