Quai vide
03 oct. 2007Aqui N’Co (84) était présent à l’Heure Bleue (38) le mardi 2/10/2007 avec cette pièce destinée à un tout public sans exception, comme un viron sur les rails.
Durée : 1h20
Texte et mise en scène : Léa Coulanges et Eric Pasturel
Scénographie : Gilles Ribstein
Avec : Léa Coulanges, Emmanuel Drap, Eric Pasturel et Gilles Ribstein
Soutiens :
Communauté de communes des Sorges du Comtat
Ce des cheminots PACA
Coproduction Théâtre du Sablier à Orange (84) et Théâtre du Chêne Noir à Avignon (84). http://www.theatredusablier.com/
http://www.chenenoir.fr/
Un écran, des images de train, un brin désuettes, comme un retour en arrière dans l’histoire du rail, au-détour des régions et de la carte de France. Puis un coup de sifflet. Le plateau s’éclaire avec en son centre un panneau qui pourrait être un mur mais aussi une fenêtre sur...
Les voilà qui déboulent, bagages en mains, chargés à bloc pour partir en campagne, ou plutôt à la campagne : Paris-Avignon s’il vous plaît ! Une famille de trois qui a du provincial tout en quittant sa ville : la capitale. Le ton est donné, burlesque et cocasse, par ces trois qui se placent face à nous, comme si nous étions, nous les spectateurs, guichetier(s) ou témoins directs des scènes qui nous sont proposées, derrière la vitre. On est ces durs d’oreilles, ces durs à cuire auxquels tout voyageur s’adresse au moins une fois lors d’un de ses périples. "Voilà le train qui part, voilà le train parti !". Roulez jeunesse, vive la SNCF !
Tout en suivant ce voyage qui s’éternise dès lors qu’ils seront à Avignon, d’autres bulles vont s’ouvrir sur ce(tte)s histoire(s) qui s’égrenne(nt) dans le temps, jalonnée(s) de personnages comme les garde-barrières dont le métier, c’est pas d’être "aboyeurs" et qui agitent leur lanterne au passage des trains. Un arrêt image sur la période funeste de la dernière guerre, quand les avions sillonnaient le ciel et que le faisceau des torches balayait l’espace, traquant les fuyards de convois condamnés... et sur cette femme, valise en mains, serrée dans son manteau noir qui a encore sur les mains la poussière de son pays. Elle aura pris le train, pas pour voyager, non, mais pour partir, pour quitter sa terre de soleil et brûlure(s).
Une bascule encore, on court après le train qui part et on se mettrait presque à chantonner "Sur des airs vieillots, du temps des locos.." au moment où le contrôleur passe dans les couloirs, poinçonne les billets, mieux, croise ces "milliers de regards, et ça, ça fait une vie". On compatit, pour sûr, quand l’hôtesse tout en bleu explique, explique encore, et s’arme de patience... on suit avec regret le petit chef de gare à casquette inutile, parce que les gares miniatures ne sont plus guère en vogue et surtout guère rentables...
Dans nos sièges assis, on en a rencontré, nous aussi, des visages, peut-être déjà vus, probablement croisés, sur les quais, dans les trains qui emportent ailleurs, ce soir-là à l’Heure Bleue. On a ri, on s’est peut-être retrouvés aussi, dans les portraits brossés de ces petites gens. Tous ceux-là étaient là, incarnés, existants, pour le temps du spectacle. Un temps bien mené, sans grands effets de manche, qu’on sentait être rôdé. Une pièce qui nous touche et qui pourrait trouver place dans des espaces plus intimes, et pourquoi pas en gare(s), en salle des pas perdus et tout le long des quais.
tél : 04 76 14 08 08 - fax : 04 76 62 74 09
web : www.ville-st-martin-dheres.fr/distraire/heurebleue/menu05.htm