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31 juil. 2015Spectacle de la Compagnie Le petit théâtre de pain (64), vu le 23 juillet 2015, à Villeneuve en scène, à 22h00, visible du 6 au 23 juillet dans le cadre du Off 2015
Auteur : Stéphane Guérin
Interprètes : Mariya Aneva, Cathy Coffignal, Eric Destout, Ximun Fuchs, Hélène Hervé, Guillaume Meziat, Fafiole Palassio, Jérôme PetitJean, Tof Sanchez
Mise en scène : Manex Fuchs
Genre : Théâtre
Public : Tout public à partir de 10 ans
Durée : 95 min
Un grand plateau en tri-frontal, fermé par une immense porte-guillotine, nous attend dans l’espace extérieur de Villeneuve en scène, permettant ainsi d’accueillir 350 spectateurs, confortablement installés. Distribution de spray anti-moustiques, de couvertures et de petits coussins. La compagnie sait accueillir son public.
Une voix Off se fait entendre, appelant un à un les jurés tirés au sort pour ce procès, et qui sont installés parmi les spectateurs. Ils se rendent au centre du plateau dans une ambiance très cinématographique. Ils doivent donner leur verdict sur l’assassinat par un jeune comorien de ses grands-parents adoptifs. C’est l’affaire Karim Bourdon.
Les jurés sont tous unanimes pour condamner ce jeune en perdition et les preuves sont accablantes, mais l’un des jurés, hypégiaphobe - la peur de prendre des responsabilités -, ne vote pas la culpabilité. A force d’échanges et de discussions, ils vont tous peu à peu laisser place au doute et découvrir la vérité sur ce crime odieux.
Cela vous dit quelque chose ? Effectivement, c’est « 12 hommes en colère », adapté à la France et à notre époque. Ou plutôt, c’est l’adaptation de « 9 », un film russe, sur le conflit tchétchène et calqué lui-même sur la trame du film américain.
Au-delà de la surprise de cette adoption si proche dans sa construction de la version originale, je suis resté un peu sur ma faim. En effet, l’adaptation à notre époque contemporaine et à notre société française reste, à mon sens, peu développée. On y trouve quelques références à la théorie du complot (le 11 septembre), aux techniques policières tirées des séries (Dexter), à la place des femmes dans une société d’images (la publicité)… mais cela reste en fait très proche des 12 hommes en colère, ou plutôt de « 9 », comme me l’a expliqué un des comédiens à l’issue du spectacle, dont la fin laisse ouverte la question d’un jugement « juste » et dont je ne vous dirai rien ici.
Les comédiens sont bons quoique inégaux, et la mise en scène offre quelques belles surprises, comme ces moments suspendus, où tous se figent dans un instant figé. Cela donne une respiration bienvenue dans ce long huis clos dans lequel nous sommes plongés.
Peut-être que j’attendais davantage de cette compagnie reconnue, et que le thème d’un juré citoyen, à l’heure où le citoyen n’arrive plus à faire entendre sa voix comme nous l’a montré le feuilleton grec, appelait à développer d’autres pistes. Mais le spectacle reste très honorable et il ne vous reste qu’à vous faire votre avis en le découvrant dans la tournée à venir, puisque c’était la dernière de leur présence à Villeneuve en scène ce soir là.
Eric Jalabert