Dialogue à fables
Dialogue à fables

Spectacle de La Compagnie Affable, vu le lundi 06 Juillet 2015, à 15h00, Au Pittchoun Théâtre, Festival Avignon Off

De : Valentin Martini

Interprète(s) : Valentin Martinie, Florian Spitzer

Genre : Comédie

Public : Tout public

Durée : 1h10

Cela commence comme un one man show, le comédien Valentin Martini entre seul sur une scène dénuée de décor, il est revêtu d’un costume de gentilhomme. Il attend son collègue qui n’arrive pas et en profite pour nous parler de Jean De La Fontaine et de Bouba (le rappeur). Etrange parallèle entre les deux qui me laisse dans l'incompréhension. Arrive Florin Spitzer, son comparse, en short et tongues dans un style décontracté qui contraste clairement avec le premier. Ils sont là pour nous déclamer des fables mais cela tourne rapidement à la joute verbale entre eux. Le retard de l’un, le costume de l’autre nourrissent les prémices d’une dispute qui perdure durant toute la représentation.

Une fois le feu de la discorde allumé, c’est bien sûr sur le terrain des fables que vont se confronter les deux comédiens. Le fond, la forme et la morale, tout est prétexte à la querelle et surtout à dire des extraits d’oeuvres de Jean De La fontaine bien sûr mais aussi de Jean Anouilh, Hugo, Ionesco, Queneau, Esope ainsi que de Jacques Mougenot, fabuliste contemporain dont j’ignorais l’existence jusqu’ici.

Les deux comédiens mettent en avant l’ambivalence de certaines morales qui se prêtent à des doubles lectures et démontrent aussi toute l’intelligence de cette forme littéraire désuète et pourtant si utile pour dire les choses de manière indirecte. J’ai particulièrement bien aimé la proposition d’improvisation d’une fable grâce à un animal choisi par le public. J’aurai supporté que cela dure plus longtemps car cette interaction avec le public est originale et rigolote. Moderniser le vocabulaire, utiliser la syntaxe d’une fable très connue en la truffant de néologismes sont autant de procédés de transformations astucieux qui donnent un certain relief au déroulement du spectacle.

Tout de même, je trouve la relation conflictuelle entre les deux comédiens trop linéaire, la dispute n’évolue pas, ni dans un sens ni dans l’autre. C’est dommage car l’idée est bonne et l’on aurait pu imaginer une résolution du conflit ou l’amplification de la discorde jusqu’à son paroxysme comique.

Toutefois c’est la première pièce de l’auteur Valentin Martini, gageons qu’avec un peu plus d’expérience d’écriture, il trouvera les ressources pour tonifier le tout, à suivre donc et à revoir peut être d’ici quelques temps.

Marie-Madeleine Pons

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