L'horizon des évènements
L'horizon des évènements

Un spectacle produit par la compagnie Asanisimasa (75) et vu le 17 novembre au Monfort.

 

Texte et mise en scène: Frédéric Sonntag

Arrangements et direction musicale : Florent Hubert

Comédiens : Romain Darrieur, Amandine Dewasmes, Antoine Herniotte, Victor Ponomarev, Thomas Rathier, Malou Rivoallan, David Sighicelli, Fleur Sulmont, Boris Van Overtveldt, Ephraïm Matte et Samson Alazraki en alternance

Musiciens : Jacques Cellier, Daniel Orsini.

Création et régie vidéo : Thomas Rathier

Création Musicale: Paul Levis

Scénographie : Anous Maugein

Lumières : Maël Iger

Genre : Théâtre

Public : adulte

Durée : 2h30

 

L’embarras des choix coutumier des mois de novembre parisiens n’est plus. C’est donc l’occasion de partir à la découverte de nouvelles propositions. Frédéric Sonntag n’est pas à proprement parler un petit nouveau mais voilà des lustres que je n’avais pas vu son travail. « L’horizon des évènements » avec son fort contenu politique et écologique m’a séduit sur le papier. Bien moins en réalité.

 

« L’horizon des évènements », à travers les figures fictionnelles d’Elena et William Jeffrey, reprend à son compte le rapport Meadow de 1972 qui alerte pour la première fois des conséquences à venir d’une croissance économique et démographique sans limite. On sait ce qu’il est advenu de son appel à changer urgemment de paradigme. Il signe néanmoins la naissance de l’écologie politique. C’est cet échec pour dessiner un monde équilibré que Nathan, un de leur enfant, interroge. À la fois pour comprendre le monde chaotique dans lequel il devient père et à la fois pour comprendre les drames familiaux.

Le projet est donc terriblement ambitieux tant dans le propos qui mêle économie, astrophysique, thermodynamique et écologie que dans la structure narrative qui enchevêtre deux générations.

Les moyens déployés pour porter cette fresque n'en sont pas moins impressionnants : 10 comédiens sonorisés et dont la plupart interprète plusieurs personnages, deux musiciens, un vaste plateau, de la caméra en direct et des projections d’extraits documentaires.

La reconstitution des années soixante-dix, tant dans le décorum (vieilles consoles d’ordinateurs, vieilles caméras) que dans le costume est fort plaisante. Le tournage des scénarios pour convaincre la fondation qui emploie les Jeffrey de poursuivre son financement est assez drôle. La scène où l’astrophysicienne Louise Cooper révèle les fondements intimes qui l’ont poussé à embrasser cette carrière est forte en émotions. De l’émotion enfin ! Car le spectacle en manque cruellement, sans doute à cause du texte.

Il alterne monologues et  scènes illustratives de ce for intérieur. Il n’y a quasiment pas de dialogue ou très superficiels. En outre, le texte se perd dans des analogies entre différentes disciplines au point d’en oublier une partie du fil narratif (le frère décédé et la sœur de Nathan). Et sous couvert de nobles pensées, que de poncifs !  Il en résulte une distanciation que le jeu n’arrange guère entre accrocs récurrents, ton artificiel et procédé lassant (le comédien comme faux spectateur). Quant à la musique live, on ignore au fond sa fonction.

« L’horizon des évènements » est doté d’une belle intention. Mais sa mise en œuvre ne m’a pas convaincue.

 

Catherine Wolff

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