L'île sans nom

Spectacle de Johanna Gallard / Compagnie Au fil du Vent (24), vu le 08 Juillet 2015 à 18h30, à L’école du spectateur, dans le cadre du festival OFF d’Avignon

Mise en scène: Johanna Gallard / Bienveillance artistique : Michel Gibé

Interprétation : Johanna Gallard et Julien Nguyen Dinh

Genre : Cirque poétique et sans parole

Public : Tout public à partir de 5 ans

Durée : 50 min

A l’occasion de cette représentation et avec l’accord de l’équipe de L'école du spectateur, nous avons mis en place une expérience hors du commun. Les ateliers d'écriture de Chroniques Culturelles : faire une chronique le même jour du même spectacle par quatre personnes très différentes tant par leurs expériences du spectacle que par leurs parcours de vie. Une règle du jeu était cependant spécifiée, ne pas communiquer entre nous après le spectacle.

Thomas :

Un décor avec un fil suspendu sur un plateau roulant… Nous sommes dans la cour d’une école primaire, beaucoup d’enfants sont dans le public qui est très familial. Arrivé 5 min avant le début du spectacle, le public est déjà assis dans les courts gradins, je prends donc place par terre, l’esprit des festivals d’arts de rue se rappelle à moi.

La musique commence, les cigales se muent, une femme entre en scène cachée par de gros coussins blancs, l’équilibre sur le fil peut commencer, avant d’être rejointe par le second personnage accompagné de son petit coussin rouge, venant vraisemblablement d’un autre monde, celui de la danse, du mime, des mots par le corps.

Une rencontre se crée, ils s’apprivoisent, ne se regardent que dans un second temps après avoir tenté de se fuir. Le monde de l’un, l’équilibre, et le monde de l’autre, la terre et l’eau, semblent intrigant pour l’un, souriant pour l’autre. Il va se jouer pendant une heure un va-et-vient entre ces deux circassiens, l’homme tentant de faire du fil pour découvrir cette femme et cette dernière, pour qui on peut se demander quelques instants si elle sait marcher… autrement que sur son fil.

Derrière une mise en scène épurée mais dynamique, avec un décor sur roulettes permettant aux spectateurs différents points de vue, ce spectacle poétique par sa musicalité et par le bruit des feuilles de platanes de la cour de cette école nous transporte dans un marais où chacun peut imaginer sa localisation.

Ce spectacle muet m’a touché par sa simplicité, l’exercice d’équilibriste bien maîtrisé ne m’a pas cependant surpris mais le mélange de ces deux « mondes » fait de cette représentation un bon moment à passer en famille ou entre amis.

Jawad :

Un doux début de soirée, une légère brise, dans le cadre fort agréable d’une petite cour d’école, de ses platanes et de ses cigales. Le public, principalement de jeunes enfants installés sommairement entre de simples tapis en mousse et quelques bancs, attend sagement autour de la scène ; un plateau en forme d’île juché sur roues dont le décor se résume à un câble tendu et à quelques roseaux.

Entre en scène une comédienne qui évoluera au long de la représentation en équilibre sur le câble. Ce sera l’histoire d’une rencontre avec un comédien se déplaçant lui au sol. Une découverte de l’autre en équilibre et fragilité où chacun s’observe, se teste, se découvre puis s’accompagne.

Sur fond musical, les comédiens très expressifs combinent danse, mime et humour burlesque. Le spectacle, propice aux rires, semble surtout captiver le jeune public. La magie opère et, attentif, mes idées vagabondent au fil de cette jolie histoire. Parfois, le vent souffle un peu plus fort à travers les platanes. Et, tout en m’évoquant un très à propos reflux des vagues, il me rappel à la performance technique de la funambule. Tantôt virtuose enchaînant de rapides pas de danse, tantôt se jouant du déséquilibre dans une apparente fragilité.

Je me suis laissé porter par cette rencontre sans nom qui m’a particulièrement touché de par son évocation de la découverte de l'autre, de la différence.

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