Visage de feu
Visage de feu

Spectacle de la compagnie Les Voyageurs (59), vu le 7 juillet 2016, à la Manufacture (patinoire), dans le cadre du Festival d’Avignon

Auteur : Marius von Mayenburg
Metteur en scène : Pierre Foviau
Interprètes : Marie Boitel, Adrien Desbons, Émile Falk-Blin, Marion Lambert, Arnaud Lefin, Thierry Mett
etal

Genre : Théâtre
Public : à partir de 12 ans
Du
rée : 1h25

Le 1er truc à faire absolument quand on arrive à Avignon pour le festival off, c’est de dénicher le bon spectacle qui va vous faire démarrer le festival positivement. Et le meilleur endroit pour trouver ce bon spectacle, soyez-en sûr, c’est la Manufacture, parce qu’on y trouve une programmation exigeante, engagée, autour de l'écriture contemporaine, et parce que les spectacles qui y sont proposés n’ont pas sillonné mille fois les sentiers battus de la Cité des Papes. « Et ça c’est pas dommage », me dirait ma tante Paulette.

Toutefois pour la fraîcheur il faudra revenir. "Visage de feu" est un spectacle brûlant, à donner envie de vomir sur toute sa famille. L’écriture y est taillée à la lame de feu, le spectacle est enflammé, organique, déchirant. (La température monte férocement à la patinoire d’Avignon.) Mais notez que vous aurez quand même le frisson… Le spectacle raconte l’histoire d’une famille que rien ne rassemble et que rien ne soulage : des parents essoufflés, démunis ; des enfants comme mort-nés, perdus dans leurs interrogations et leurs souffrances originelles, qui plongent dans un chaos absurde, irréversiblement.

Pierre Foviau met en scène avec aplomb les relations désespérées, les regards incendiaires, l’incandescence des souffrances et des exaltations d’une famille issue de la middle class allemande, dans une scénographie symbolique et de taille. Assis techniquement pendant tout le spectacle, ou alors "sortant de table" pour mieux brûler de leurs feux, les comédiens explorent de façon remarquable, aussi bien dans l’espace que dans le temps, ce terrain de drame qui les réunit et les sépare. Sur une musique live qui fait résonner les souffrances de ce noyau familial, et grâce à un décor figuratif et un jeu d'acteurs laissant place à l'imagination, le public est plongé droit dans la Cène du drame.

Spectacle intéressant, bien fait, et courageux (malgré son tout jeune âge). Attention, il ne joue que jusqu'au 14 juillet ! A ne pas rater, donc, pour bien démarrer les 50 ans de créations du festival Off d’Avignon.

Danielle Krupa / Allez Zou !

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