photographie du spectacle ©Le 11

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Spectacle de la compagnie Les échappés vifs (50), vu le vendredi 14 juillet au 11 dans le cadre du festival d’Avignon.

 

Texte : Magali Mougel

Mise en scène : Philippe Baronnet

Avec : Clémentine Allain en alternance avec Marie-Cécile Ouakil, Florent Hondu en alternance avec Philippe Baronnet

Son : Julien Lafosse

Costumes : Clément Vachelard

Régie : Aure Rodenbour

 

Un démarrage atypique pour un spectacle atypique. Le groupe de spectateurs rassemblés devant le théâtre du 11 est invité à s’enfoncer dans la ville vers une destination inconnue. Après une dizaine de minutes de marche, on entre dans un établissement scolaire — le collège Frédéric Mistral. Le groupe est ensuite installé dans une salle de classe. Tout d’abord intrigante, la localisation prendra finalement tout son sens dès que la pièce commencera.

 

Le comédien s’introduit dans la salle. Il se présente en tant que nouveau professeur, et interpelle le public exactement comme s’ils étaient ses élèves. Certains se retrouvent même à devoir lire des passages du livre à voix haute devant toute l’assemblée. Voilà de quoi réveiller de bons souvenirs de jeunesse !

Assise au fond de la salle, la deuxième comédienne ne cesse d’interrompre le cours. Elle se proclame comme inspectrice, qui assiste à la leçon pour vérifier que tout se passe bien et que le contact avec les élèves se fait facilement. Pourtant, on sent bien qu’elle déborde de rancœur contre le professeur.

Alors, les flashbacks commencent. On est transportés dans les années 90. Walkmans en mains et jeans taille basse, la totale. Les deux ont étudié dans le même collège et se remémorent ces années, merveilleuses pour certains, traumatiques pour d’autres.

Lui était populaire, impertinent, insolent. Elle, invisible, timide, harcelée.

Ils racontent chacun leur version de l’histoire. Pour lui « c’était juste pour s’amuser ». Pour elle, le collège était un véritable enfer.

Le spectacle dépeint le harcèlement scolaire dans sa forme la plus vile. Il met en lumière avec une grande justesse l’engrenage terrible qui engendre le harcèlement de masse.

C’est le personnage du professeur, Eddie, qui entretenait ce harcèlement, et comme il était le roi de la cour, tout le monde le suivait. Personne ne pensait à intervenir, pas même les enseignants eux-mêmes qui voyaient tout se dérouler sous leurs yeux, mais qui ne faisaient rien. Lorsque Lina, l’acolyte d’Eddie, comprend enfin ce qu’il se passe et qu’elle ne supporte plus le traitement qu’ils lui infligent, elle décide de s’interposer. Ils se retournent tous contre elle et elle se retrouve seule à son tour.

Je dirais bien « âmes sensibles s’abstenir », mais il est primordial d’éveiller les esprits à un tel sujet, et particulièrement la jeunesse. La pièce est toujours jouée dans des salles de classe, et d’ordinaire les élèves en sont le public.

Les deux comédiens nous offrent une fin bouleversante lorsque, finalement face à face, Eddie avoue dans un souffle « je voulais juste qu’on m’aime ».

 

Marceline Wegrowe

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