Palmyre, les bourreaux

Marie-Pierre Husson Theâtre …

26 nov. 2023

Crédit photo : Aurélien Kirchner

Spectacle de Ramzi Choukair, compagnie Kawaliss (13), vu le 25 novembre 2023 au Théâtre d’Arles.

Texte, scénographie et mise en scène : Ramzi Choukair

Avec : Fadwa Mahmoud, Riyad Avlar, Jamal Chkair, Samar Kokash, Abdelmenem Adwan

Assistant à la mise en scène : Omar Aljba

Création lumière : Franck Besson

Création musique : Abdelmenem Adwan

Vidéaste : Ayman Nahle

Traduction en français : Ramzi Choukair et Céline Gradit

Régisseur général et lumière : Charles Hadri

Administration de production : Sophie Blanc

Durée : 1h20

Public : à partir de 14 ans

Spectacle en arabe syrien surtitré en français

Quatre acteurs, un musicien joueur de oud. Deux bancs, deux chaises, un rideau de fond de scène sur lequel seront projetées des ambiances : une salle de théâtre vide qui attend son public, un fond de tasse de café qui coûtera cher, des branchages doucement balancés par le vent comme pour nous aider à respirer….

Simplicité de la mise en scène pour laisser toute sa place au propos qui est dur puisqu’ici les vrais protagonistes viennent raconter leur parcours, les menant à la prison de Palmyre, la plus dure des prisons syriennes où ils ont connu les pires tortures.

Pour ce spectacle qui est le dernier d’une trilogie basée sur les témoignages d’anciens prisonniers et prisonnières du régime syrien, Ramzi Choukair les a invités à venir raconter : l’horreur pour Fadwa d’avoir été arrêtée par son propre frère, pour Riyad, jeune étudiant turc, d’avoir passé 21 ans en prison sur la base de fausses accusations de terrorisme ou encore pour Samar d’avoir été arrêtée devant ses deux filles alors qu’elles croyaient que leur maman était juste partie boire un café !

Ils ont un peu hésité avant de monter sur scène : Fadwa parce qu’elle craignait d’oublier son texte (mais comment pouvait-elle oublier son histoire !), Samar car actrice de métier elle avait renoncé à jouer après son incarcération.

Mais Ramzi Choukair a réussi à les convaincre de la nécessité de leur témoignage. La mise en scène qu’il nous propose est légère, les mots sont doux, les personnages apaisés, l’humour est souvent présent…malgré l’horreur ; parce qu’il fallait cela pour conjurer l’horreur.

Riyad, Fadwa et Samar parlent chacun leur tour, soutenus par le conteur qui les accompagnent sur scène, leurs récits s’entremêlent.

Ils se regardent souvent, sourient à l’histoire de l’autre, se réconfortent, rebondissent sur ce qui fait écho dans leur propre chemin.

Ils sont venus nous parler de leurs bourreaux à qui ils ont finalement pardonné car ces bourreaux étaient eux aussi des victimes de l’horreur et de la haine.

Chercher à comprendre, c’est ce que nous propose ce spectacle, chercher l’humain dans la monstruosité, chercher l’apaisement après tant de souffrance…et partager cela avec d’autres, transmettre par le biais de l’art.

De jeunes lycéens, présents dans la salle, ont semble-t-il reçu le message, leurs yeux humides au retour lumière en témoignaient.

Un spectacle indispensable pour changer ensemble son regard sur le monde…faute de ne pas toujours pouvoir changer le monde.

Marie-Pierre Husson

Production : Cie KAWALISS

Production déléguée : Cie KAWALISS, Châteauvallon – Liberté scène nationale

*Plateforme de production soutenue par la Région Sud - Provence-Alpes-Côte d'Azur rassemblant le Festival d'Avignon, le Festival de Marseille, le Théâtre National de Nice - CDN Nice Côte d'Azur, La Criée, Théâtre national de Marseille, Les Théâtres, Marseille et Aix-en-Provence, anthéa, Antipolis, Châteauvallon-Liberté, Scène nationale et la Friche la Belle de Mai

Soutien : ministère de la Culture DGCA et DRAC PACA | Région SUD | Département des Bouches-du-Rhône | Ville de Marseille | Fonds euro-méditerranéen de défense des Droits de l'Homme et du MENA Prison Forum, une initiative de l'UMA

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