visuel du théâtre Le Ranelagh

visuel du théâtre Le Ranelagh

Le Portrait de Dorian Gray

Spectacle de Thomas le Douarec (75) vu le 23/12/2023 au théâtre Le Ranelagh (75016) à 14h.

 

Auteur : Oscar Wilde

Comédiens : Michael Winum, Fabrice Scott, Maxime de Toledo, Caroline Devismes, Solenn Mariani

Mise en scène : Thomas le Douarec

Type de public : Tout public

Genre : Théâtre

Durée : 1h25

 

Décidément, ce portrait est un véritable chef d'œuvre.

 

Plus qu’une adaptation, cette pièce est un hommage au livre d’Oscar Wilde, qu’elle illustre avec beaucoup d’amour et de respect. On en ressort ébahi, éprouvé et transporté, avec la révélation ou le rappel du génie de cette œuvre magistrale. 

Simple et efficace, la mise en scène nous fait immédiatement oublier que le livre n’a pas été écrit pour être joué au théâtre, même si certaines scènes s’y prêtent naturellement. Ces dernières sont parfaitement représentées et interprétées par des décors intelligents, des costumes brillants et l’excellent casting, tandis que l’introduction d’une légère ambiance de cabaret ponctue et comble les indispositions dramatiques du texte. L’atmosphère si particulière du livre d’Oscar Wilde, entre légèreté mondaine britannique et tragédie passionnelle, s’installe puissamment sur scène au fil des situations, que la pièce réussit à nous retranscrire avec un relief et une intensité rare, parfois presque insoutenable. On rit, on s’interroge et on tremble d’effroi devant la destinée cruelle des trois protagonistes et ce, toujours avec le portrait en ligne de mire, véritable ancrage symbolique et scénique de la pièce, ce qui lui donne une unité discrète et puissante malgré les changements d’émotions et de registres. 

L'œuvre d’Oscar Wilde, outre le génie de l’intrigue et les bons mots de Lord Henry, traite de nombreux sujets avec beaucoup de subtilité, de profondeur et de niveaux de lecture. La mise en scène propose en particulier un regard très intéressant sur la facette homosexuelle de l'œuvre, et ce avec beaucoup de finesse et discrétion. Mais sur le reste, elle est un peu trop réservée à mon goût, comme trop fidèle aux lignes du texte pour en faire ressortir ce qu’il s’y cache entre. Cela se ressent surtout sur la fin, qu’une succession de scènes statiques et sans décor rend assez fastidieuse. Ces passages du livre m’ayant fait la même impression, le choix est cohérent avec l’esprit général de la mise en scène, sauf pour la scène finale. La révélation de l’immondice du portrait, censée être le point culminant du livre, ne se réduit qu’à cri d’effroi de l’acteur, convaincant comme le reste de ses interventions, mais bien fade comparé à l’enjeu du moment. J’ai trouvé cela dommage, d’autant plus que le reste de la pièce brille par son intensité. Mais cette dernière se conclut ensuite rapidement avec brio et m'a laissé avant tout une impression forte et enthousiaste du chef d'œuvre d’Oscar Wilde.

 

Alexandre Saint-Dizier

 

Retour à l'accueil