Les petits chevaux, une histoire d'enfants des Lebensborn
Les petits chevaux, une histoire d'enfants des Lebensborn

Un spectacle produit par la Compagnie pARTage (93) et vu au Théâtre de la Reine Blanche (75) le 20 février 2024.

 

Texte : Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Matthieu Niango, Jeanne Signé

Mise en scène : Jeanne Signé

Scénographie : Marguerite Danguy des Déserts

Vidéo/sons : Jeanne Signé

Comédiens : Florence Cabaret, Séverine Cojannot, Nadine Darmon, Samuel Debure

Genre : Théâtre

Public : Tout public (à partir de 14 ans)

Durée : 1h25

 

C’est un sujet si confidentiel que sa seule présence à l’affiche faisait, pour moi, de ce spectacle un incontournable. Alors que les derniers témoins s’éteignent peu à peu, « les petits chevaux, une histoire d’enfants des Lebensborn » entendent les faire sortir des seuls cénacles d’historiens. Le pari est tenu.

 

Violette déménage dans la maison de feue sa grand-mère maternelle, à Commercy. En débarrassant les vieux effets, Violette découvre que sa mère, Hortense, est adoptée. La tension entre les deux femmes est palpable mais s’amenuise à mesure de la quête des origines. Seules puis épaulées par Fernand et Lili, elles découvrent qu’Hortense est née dans un Lebensborn, ces maternités qui devaient fournir au Reich des enfants « racialement parfaits ».

La pièce, très documentée et nourrie par des témoignages, explique parfaitement le contexte historique, le projet eugéniste nazi, le fonctionnement des Lebensborn, le sauvetage de ces enfants à l’issue de la guerre mais aussi le calvaire de toute une vie passée dans le mensonge d’une origine honteuse.

Pour théâtraliser ce pan dramatique de l’Histoire, Jeanne Signé et Marguerite Danguy des Déserts signent une mise en scène et une scénographie fortes et très économes de moyens. Le plateau est nu, juste jonché de cartons de différentes tailles. A chaque étape de l’enquête, les cartons sont déplacés pour créer le décor idoine : Archives, intérieur bourgeois, musée. Parfois les cartons sont agrémentés d’accessoires, notamment de photos des enfants rescapés de l’horreur (de la Shoah, des Lebensborn, de l’esclavage forcé en Allemagne), pour, à la fois, reconstituer Indensdorf (centre proche de Dachau où les enfants ont été pris en charge par les alliés) et tels des autels miniatures, pour leur rendre hommage.

Les images d’archives sont légion, bien choisies et projetées tantôt sur les cartons, tantôt en fond de scène. Les documents écrits, composés pour le spectacle, sont lus tandis que parfois deux comédiens jouent la scène relatée.

Ils sont quatre sur scène, en voix naturelle. Deux comédiennes interprètent Hortense et Violette tout du long tandis que les deux autres campent plusieurs personnages. J’ai beaucoup aimé ces deux-là ainsi qu’Hortense. A titre personnel, la proposition de Violette m’a moins convaincue. A sa décharge, elle joue l’une des scènes bancales de la pièce, de celles qui parfois interrogent sur la cohérence de l’histoire. C’est dommage.

 

« Les petits chevaux, une histoire d’enfants des Lebensborn » est une pièce sur un sujet grave et rare, intelligemment montée et qui rappelle, à l’heure où l’Histoire semble vouloir se répéter, que les enfants sont les premières victimes de la guerre et qu’il faut bien trois générations pour effacer la folie des adultes.

 

Catherine Wolff

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