Hervé Bellamy

Hervé Bellamy

Fantômes

Un spectacle produit par le Théâtre O (75) et vu au Théâtre de la Ville le 02 mars 2024.

 

Texte : Philippe Minyana

Mise en scène : Laurent Charpentier

Photographie et vidéo : Hervé Bellamy et Thomas Bouvet 

Son : François Geslin, Louen Poppé

Lumière : Arthur Chauvot, Mathilda Bouttau

Comédiens : Hugues Quester et Laurent Charpentier

Genre : Théâtre

Public : Tout public

Durée : 1h15

 

Cela faisait des lustres que je n’avais pas entendu la langue de Minyana, dramaturge contemporain que j’affectionne. Sa programmation au théâtre de la ville était donc une occasion de renouer avec sa langue. Toujours aussi belle mais à mon sens, dans ce spectacle, peu théâtrale.

 

« Fantômes » est, à la base, un récit adapté pour le théâtre par le metteur en scène et comédien Laurent Charpentier, assisté de Philippe Minyana lui-même. C’est un récit intime et autobiographique sur le deuil impossible de la mère suicidée, la dépression, le lent réveil à la vie grâce aux petits riens et à la littérature. Pour théâtraliser la mémoire, la pièce convoque deux subterfuges : les photos du quotidien que Minyana collectionne dans la vraie vie, et un faire-valoir. Hugues, l’avatar de Minyana, rat des champs à l’origine et qui vit désormais reclus à Dole, invite son ami Laurent, rat des villes et écrivain, pour qu’il l’aide à faire le tri dans ses photos c’est-à-dire dans sa vie. A mesure que les photos se révèlent,  au sens technique du terme, elles convoquent la mémoire d’Hugues.

Le dispositif scénique est très épuré. A cour, un bureau encombré, à jardin un fauteuil et un guéridon, en fond de scène un écran et peu à peu, au sol et partout, des photos. Par pudeur de ce moment de confidences, la pénombre domine.

Les deux comédiens sont très bien. Hugues Quester campe, malgré sa corpulence, un homme fébrile tantôt taiseux, tantôt si volubile qu’il n’est pas toujours aisé de le comprendre. J’ai aimé sa façon d’accentuer, tel un cri, le dernier mot de la phrase, souvent un « tu vois ». Laurent incarne une sorte de maïeuticien, quelque peu pontifiant, mais assurément tendre et bienveillant.

« Fantôme » est un spectacle délicat et émouvant. Mais le texte est à mon sens « trop littéraire » et trop intériorisé pour faire théâtre.

 

Catherine wolff

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