Je veux qu'on me parle
31 juil. 2008A partir des œuvres de : Louis Calaferte
Porté sur les planches par : Le Théâtre des Halles
Mise en scène et scénographie de : Alain Timar
Joué par : Yaël Elhadad – Nicolas Gény – Roland Pichaud
C’est un spectacle : Théâtre tout public (durée 1h30)
Ce Spectacle a été vu le : 26 juillet 2008
Dans le cadre de : Avignon Festival et Compagnies : le Off 2008
Et le lieu du: Théâtre des Halles- Avignon
En résumé :
Sur une scène qui pourrait bien être celle du cirque de la vie, Alain Timar nous a concocté un spectacle de type « plateau de dégustation » à partir des œuvres de Louis Calaferte.
Mais encore… :
C’est étonnant. C’est étonnant qu’un théâtre de cette sorte (entendez du genre qui se trouve sur le haut du panier des théâtres qui garnissent Avignon) nous serve d’une telle manière, l’œuvre d’un auteur. Habituellement, ce type de travail se voit dans des théâtres de moindre importance (ce qui ne veut pas forcément dire de moindre qualité) diffusé en général, sous le manteau, entre connaisseurs, servi simplement « à la table » ; le résultat est bien souvent hétérogène, inégal, parfois même un peu décevant il faut bien le dire. Bref, au théâtre des Halles, on s’attendrait à y trouver un plat de résistance et on y a vu « Je veux qu’on me parle »…
Alain Timar a eu la volonté de nous faire découvrir Louis Calaferte, un auteur contemporain qui n’est pas des plus connus. Plutôt que d’en présenter une pièce, il a tricoté, entremêlé, coupé, recousu, plusieurs morceaux choisis que trois comédiens nous présentent comme des numéros qui s’enchainent sur une piste, dans une mise en scène sobre mais joyeuse, voir décalée, dissonante, absurde, mais surtout pas grotesque. On s’attache à la situation d’une saynète ou à un personnage : ça file, ça revient, on en reprend, on s’en ressert, ça repart. On observe un peu étonné au départ, puis ça se détend dans les rangs et ça rigole, ça rigole. Insidieusement, l’effet miroir des textes s’installe, miroir de nous-mêmes, de notre société ?... c’est si proche et c’est normal : c’est du « contemporain ». L’humour absurde devient grinçant, dérangeant, décapant, le propos devient plus ténu, teigneux, hargneux… Ça y est : vous êtes entrés dans l’univers de l’auteur sans vous en rendre compte. Le magicien invisible accompagné de ses trois présentateurs hétéroclites et complémentaires vous auront embarqués dans leur tour de passe-passe.
Alors « Plateau dégustation » ou « plat de résistance » ?... Il s’agit là d’un plateau de dégustation réalisé à partir de plusieurs extraits de plats de résistance. Compte tenu de l’ensemble proposé à cette date estivale, il s’accompagnerait bien d’un bon verre de Bandol, par exemple... M’enfin, c’est une affaire de gout plus personnel… Autrement dit, ceux qui apprécient Louis Calaferte ou ont aimé à le découvrir, auront été servi à satiété. Cela donnera certainement l’envie de l’apprécier en seul plat principal. Pour d’autres à l’appétit moins développé, ou peut-être déjà rassasié à cause d’une surconsommation d’un autre genre en cette période de festival, un service plus léger (entendez plus court) aurait été le bienvenu. Une affaire de gout donc, et de disposition, à vous de choisir.
Actualité : jusqu’au 2 aout à 17h au théâtre des Halles.