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Spectacle du Théâtre Cabosse, vu le 2 juillet 2013 au Théâtre de Pierres de Fouzilhon (34)

 

Spectacle écrit, joué et mis en scène par Patrick Ruel
Coproduction avec Christophe Boucher


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Genre : Théâtre burlesque et objets animés
Tout public à partir de 10 ans
Durée : 55 min

 Création 2012/13

 

Le Théâtre de Pierres travaille avec coeur et bienveillance, mais les représentations qu'il propose manquent parfois de précision et de travail. Ce n'est cependant pas le cas avec Patrick Ruel qui présente en ce lieu un travail abouti, qui fait certainement partie de ceux que j’ai le plus appréciés à Fouzilhon, voire dans toutes les petites salles du piscénois local que je fréquente depuis bientôt 2 ans.

 

Connaître Patrick personnellement n'aura rien enlevé à ce que je pouvais attendre de son spectacle. Intègre, il l’est tout autant sur scène et nous livre avec autant de cœur que de sincérité une version retravaillée et aboutie de son TV Biscuit. N’ayant pas vu les précédentes étapes de chantiers qui ont amené sa "télé qui se croque" jusqu’au Théâtre de Pierres ce 2 juillet dernier, et ne voulant pas savoir à l’avance de quoi il retournait (même si, avec le titre, on pouvait facilement imaginer...), je fus saisie dès les premières secondes (avant même que la lumière ne tombe) par la présence du gars dans l‘ombre, son maquillage de clown corrosif pas rafraichi, par le décor encabané dans une caravane télé-spectacle.

 

Tapi dans l’ombre, Patrick Ruel (l’animateur romantique, fou et engagé de TV Biscuit) guette le spectateur qui s’installe, incarnant déjà complètement la froideur de son personnage. Le noir et le silence prennent place, indispensables à cette forme qui s’annonce très vite aussi décalée que décapante. La télé qui se croque, c’est la place que l’on donne (parfois inévitablement mais aussi parfois inutilement) à l’outil trash de la médiation, sous toutes ses formes. Le marionnettiste oublie ses figures de carton pâte pour nous rappeler que la télé, c’est moins bon pour la santé que les biscuits. Tout le monde le sait bien mais tout le monde veut sa place, son petit quart d‘heure de popularité et, parfois, la télé nous dépasse. Avec intelligence (et loin d’amener au chien sa pâtée) le Théâtre Cabosse évite avec brio l'ecueil d'une critique trop candide, et laisse au public le soin de prendre lui-même la mesure de ses dépendances et de ses saturations opinées. A chacun son biscuit qui se croque, en plein cœur... ou par les côtés. Pub, météo, harcèlement sonore d’écervelé, tout y passe. Nul doute qu’il ne faut pas en faire des masses pour nous expliquer ce qui nous croque finalement depuis des années. Un bémol toutefois sur le choix musical à la fin du spectacle ; un peu vieilli (à mon goût) même s’il traduit de manière complètement assumée le regard de Patric Ruel sur un monde fédérateur, parti néanmoins en vrille depuis longtemps et ne tenant finalement qu’à un fil.

 

Du beau travail dont il faut retenir à la fois le nom de l’auteur et le titre du spectacle, qui peut se jouer partout (sur scène intérieure, ou extérieure) et qui peut même donner envie à certains d’éteindre leur télé... et à d'autres de ne pas se lever pour grapiller une part de pizza au bar pendant le spectacle !

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