Mon bel oranger
Mon bel oranger

Spectacle du Théâtre de La Courte Echelle (26), Avignon Off 2015, théâtre Chapeau d’Ebène 12h jusqu’au 26 juillet 2015

D’après l’œuvre de José Mauro de Vasconcelos

Adaptation et mise en scène : Denis Donger

Interprètes : Anaïs Serme, Victor Mazzilli, Claudine Serme, Armelle Peyrard

Genre : Théâtre marionnettes

Public : Tout public à partir de 7 ans

Durée : 1h

Le spectacle est adapté du roman en partie autobiographique de JM de Vasconcelos, et raconte l’histoire de Zézé, un enfant de 5 ans, né dans une famille pauvre de Rio de Janeiro, d’un père chômeur d’origine portugaise et d’une mère d’origine indigène qui travaille pour un salaire misérable. Vif, curieux, intelligent, il apprend seul à lire. Mais il fait aussi beaucoup de bêtises, qui lui valent d’être battu par son père et par ses frères et sœurs, mis à part son petit frère Luis et sa sœur Gloria. Celle-ci lui offre un pied d’oranges douces, qu’elle plante derrière leur maison, qu’il appelle Minguinho, et qui devient bizarrement son confident et ami. Pour supporter son quotidien, il s’invente un monde imaginaire et rêve de devenir poète, « avec un nœud papillon » ! Il rencontre un homme appelé Portugâ, avec qui il noue des liens d’affection. Il découvre avec lui la tendresse et le partage de moments heureux, la pêche, les matches de foot. Zézé voudrait que Portugâ l’adopte, ce qui est impossible, mais celui-ci lui promet de veiller toujours sur lui. Hélas, il meurt dans un accident de voiture, ce qui plonge Zézé dans un profond désespoir.

Dans un décor évolutif de maisons colorées qui évoque un quartier de favelas de Rio, c’est l’auteur lui-même en préambule, qui vient raconter son histoire, avant qu’on ne remonte dans le temps et qu’apparaisse Zézé enfant, incarné par une marionnette de grandes dimensions, manipulée la plupart du temps à quatre mains. Les manipulatrices, dont l’une est aussi la voix de Zézé, « s’effacent » derrière des tenues masculines, pantalon clair, veste noire, chapeau blanc. Les autres enfants, une fillette camarade de Zézé et son petit frère Luis, sont également incarnés par des marionnettes, alors que deux comédiens se répartissent la majorité des (trop) nombreux rôles d’adultes, le père, la mère, la sœur, l’oncle, la maîtresse d’école, un chanteur, un marchant ambulant, Portugâ, etc. A tel point d’ailleurs que l’on s’y perd un peu.

L’auteur adulte réapparaît à deux ou trois reprises, ce qui m’a semblé provoquer une légère cassure de rythme… La manipulation des marionnettes est très « pro », mais je n’ai pas aimé la voix de la fillette qui m’a paru un peu forcée dans le registre infantile. L’utilisation d’images projetées sur l’espace libéré par le glissement latéral du décor, est judicieuse, et l’accident de voiture est bien rendu. Mais malgré tous ces ingrédients, curieusement, je n’ai pas réussi à accrocher. Peut-être la mise en scène est-elle trop lisse, trop propre, trop distanciée, l’aspect triste et caricatural trop accentué ? Je n’ai pas ressenti d’empathie pour le personnage de Zézé. Cet enfant, malgré les difficultés, reste un enfant, vif et joyeux, porté par un imaginaire fécond, traits de caractère que je n’ai pas retrouvés dans le jeu. Même la création musicale, trop discrète à mon goût, peine à dynamiser l’ensemble et à évoquer l’ambiance malgré tout animée des favelas.

Il est à noter qu’il n’y avait que très peu d’enfants lors de la représentation à laquelle j’ai assisté, ce qui ne m’a pas permis de juger de l’effet sur le jeune public. Gageons que le spectacle, probablement encore « frais », se peaufinera au fil des représentations.

Cathy de Toledo

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