Vernissage
Vernissage

Spectacle de la Compagnie libre d’esprit (75), vu le 24 juillet 2015, Espace Alya, à 16h50, dans le cadre du Off 2015

Auteur : Vaclav Havel

Interprète(s) : NC

Mise en scène : Nikson Pïtaqaj

Genre : Théâtre

Public : Tout public à partir de 14 ans

Durée : 55 min

Cette pièce de l’auteur dramatique dissident devenu président de la république nous plonge dans un quotidien fort banal. Celui des gens qui pensent détenir la vérité et souhaitent la faire partager à tous. Une satire sévère du régime pro-soviétique pour laquelle (entre autres) l’auteur a été condamné à plusieurs reprises pour délit d’opinion.

Un couple de bourgeois, même si le terme est peu adapté dans cette Tchécoslovaquie des années 70, attend en silence son ami Ferdinand. Ils souhaitent lui faire découvrir l’aménagement de leur intérieur, aux deux sens du terme, et lui démontrer qu’ils sont heureux et qu’ils ont réussi leur vie.

Les deux membres du couple, très rigides et parfois surjouant dans ce registre d’exagération, ponctuent leurs propos édifiants de silences lourds, auxquels l’ami Ferdinand ne réagit pas. Ils sont perclus de principes et assaillent le pauvre Ferdinand - alter égo de l’auteur - de conseils pour mieux réussir sa vie, quitte à lui faire partager leur plus grande intimité pour lui servir de marchepied.

C’est drôle et cinglant, accompagné d’effets répétitifs de formules de politesse « tu es notre meilleur ami et ta vie nous importe beaucoup », et de gimmicks. Mais en fait, rien d’autre qu’eux-mêmes ne les intéresse. Le comédien qui joue Ferdinand a des airs de Chaplin, personnage perdu dans ses pensées qui ne voit pas le mal et laisse chacun faire ce qu’il souhaite. Bien sûr, à la fin, les monstres se dévoilent, renvoyant leur ami dans sa vie misérable à leurs yeux.

J’y ai trouvé un théâtre exigeant, rigide et rigoureux, mais ne me suis pas laissé complètement emballer par cette proposition sobre et un peu datée à mon sens, quoique pourtant fort honorable. Sans décors ou presque, ils nous font revivre un théâtre engagé, sans l’air d’y toucher, mais qui m’a laissé des traces bien après le spectacle, et m’a donné envie de découvrir davantage cet auteur phare.

Peut-être est-ce là la magie du théâtre ?

Eric Jalabert

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