Argent, pudeur et décadence

Spectacle de l'AIAA compagnie (40), vu le 8 juillet 2017, dans le cadre du Festival Off d'Avignon, au théâtre des Carmes à 21h10.

Auteurs et interprètes : Aurélia Tastet, Audrey Mallada
Metteurs en scène :
 Romain Louvet, Alexandre Pavlata, Guillaume Méziat, Vincent Lahens

Genre : Comédie financière
Public : Adulte
D
urée : 1h15

Mon premier spectacle d’un Off qui démarre plutôt bien, vu l’affluence dans les rues et les retours entendus ici ou là. Un spectacle dont la thématique m’a attiré, mais dont je ne savais rien en entrant. Belle découverte !

La salle, assez remplie pour un deuxième jour de festival, diffuse pendant l’installation du public une bande son d’informations financières et radiophoniques pour nous mettre dans le bain. Puis, deux executive women déboulent sur le plateau dans un rythme d’enfer et très chorégraphique, et lancent au téléphone des ordres d’achats et de ventes pour spéculer sur les céréales et autres denrées alimentaires. Nous sommes au coeur de la finance mondiale et le spectacle, sous une forme très caricaturale mais pourtant très riche, nous propose un rappel, et une dénonciation du système : création monétaire, paradis fiscaux, monnaie virtuelle, dette illégitime, don et contre-don, valeur de l’argent… Mais attention, il ne s’agit pas d’une "conférence" expliquant le système à sens unique du profit, mais d’une comédie, pleine de rebondissements, et très variée tant dans la forme que dans le fond. Car nos deux executive women vont, avec talent, péter les plombs à plusieurs reprises, jouer avec le public, et nous emmener dans des situations très décalées, jusqu’à l’absurde, et variées.

Les deux comédiennes tiennent bien leurs personnages, jouant dans différents registres avec brio, et captent notre attention d’un bout à l’autre en nous offrant une belle montée dramaturgique, même si parfois l’excès de caricatures peut rendre peut crédibles les situations. Mais nous sommes au théâtre, où tout est possible. Même de critiquer les critiques du système (ici une militante d’Attac), ce qui nous montre que la force de l’argent reste bien implantée partout.

Un mélange de genres, qui peut surprendre, mais qui me semble une belle prise de contact, documentée et bien renseignée, pour un public non averti, au fonctionnement et aux dérives de l’argent roi. Une belle découverte !

Sur le même thème, et dans une forme One Woman Show, je vous recommande également le superbe "Comment épouser un milliardaire" d’Audrey Vernon. Si vous ne l’avez pas vu, c’est le moment !

Eric Jalabert
 

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