Matin brun
Matin brun

Spectacle de la compagnie Demain existe (75), vu le 8 juillet à l’Espace Alya à 18h05 dans le cadre du festival Off d’Avignon 2023.

 

Texte : D’après le texte de Franck Pavloff

Adaptation et Mise en scène : Pauline Marey-Semper

Interprétation : Jules Cellier, François Chary, Manon Simier

Genre : Théâtre contemporain

Public : Tout public à partir de 12 ans

Durée : 70 mn

 

Dans la fournaise d’Avignon en ce début de festival j’avais sélectionné ce spectacle adapté du livre éponyme de Franck Pavloff paru en 1998 au moment des premières alliances de la droite avec l’extrême droite en France ayant connu un succès mondial. Une bonne entrée en matière me semblait-il. Pourtant la force de ce livre choc a probablement atténué mon impression de spectateur et je suis un peu resté sur ma faim avec cette adaptation qui a été construite en prenant certaines libertés avec le récit initial. Mais il me semblait important pourtant de parler de ce spectacle – et de son thème particulièrement d’actualité- parmi les 1491 propositions de cette nouvelle édition du festival.

 

Sur scène, un plateau avec un amoncellement de boites en carton sur lesquelles seront projetées des images et qui constituent l’ensemble de la scénographie. Tom, le personnage principal nous raconte comment nous en sommes arrivés là. Pour ce faire, il est poussé par un Monsieur Loyal protéiforme qui l'incite à se souvenir et renforce le côté Cabaret Berlinois de l’atmosphère très pesante qui s’installe.

Ainsi l’histoire se déroule avec des flash-back qui nous retracent le processus. D’abord, l’État Brun, arrivé au pouvoir depuis peu, décrète que « Nul ne doit posséder de chat brun ». Bien que bouleversé , Tom agit en conséquence et se sépare de son chat. Ce soir, ce sont les grandes retrouvailles avec une ancienne amie, Charlie, et ils ont d’autres choses en tête.Très rapidement après les chats non bruns, c’est au tour des chiens non bruns d’être bannis. Vous l’aurez compris c’est l’engrenage vers une sérieuse restriction des libertés qui fera écho à chacun.

Le partie pris de la metteuse en scène est d’identifier les moments où ils auraient du voir que quelque chose clochait. Car tout ceci nous rappelle une réalité très présente : discours sécuritaires, arguments pseudo scientifiques, informations mises sous coupe serrée, divertissements proposés pour penser à autres choses… Le Monsieur Loyal, barman et chanteur à l’occasion, et les projections vidéo permettant de sculpter le décor, amènent indéniablement du tonus à l’ensemble. Néanmoins l’utilisation de micros-cravate dont les trois comédiens sont équipés me mettent un peu à distance de l’histoire et l’ensemble. Bien que rondement mené, cela ne m’a pas complètement conquis. Avais-je trop d’attentes face à ce texte salvateur ? Peut être... Mais faites moi part de votre retour.

En tout cas, cela reste une proposition à découvrir, en tout public mais également dans le cadre de programmations scolaires, qui restent un enjeu important de transmission.

 

Eric Jalabert

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