Invisibili
Invisibili

Un spectacle produit par la Compagnie 111 (31) et vu le 9 janvier au Théâtre des Abbesses (Théâtre de la Ville, 75).

 

Conception, scénographie et mise en scène: Aurélien Bory

Danseurs : Gianni Gebbia, Blanca Lo Verde, Chris Obehi, Maria Stella Pitarresi, Arabella Scalisi, Valeria Zampardi

Musique : Gianni Gebbia, Joan Cambon

Genre : Danse

Public : Tout public

Durée : 1h10

 

C’est par fidélité à l’univers d’Aurélien Bory que j’ai eu envie d’aller voir « Invisibili » bien que la danse ne soit pas ma tasse de thé. Moins enthousiaste que le public pour cette seule raison, « Invisibili » est  un projet original, pétri d’humanité et de beauté.

 

La figure centrale de ce spectacle est une peinture du XV, peinte et exposée à Palerme. D’un auteur inconnu, c’est une sorte de danse macabre d’une richesse inouïe et propice à toutes les interrogations.

Reproduite à échelle réelle (6x6) sur une allemande, elle délimite un espace scénique nu dont elle constitue l’unique décor. A jardin, un espace musical (harmonium, clavier, saxo) complète l’ensemble.

Le dialogue entre la toile et les danseurs a d’abord pour but de nous faire découvrir la composition en spirale et quelques uns des 34 personnages représentés. Les cinq danseurs miment les postures avec brio et comique. La description faite, on en vient au sens et à ce cavalier squelettique immense qui occupe le centre du tableau.

Pour réactualiser notre lien à la mort, Aurélien Bory nous parle de cancer du sein et de traversée de la Méditerranée. Mais la mort en tout temps est la même, embarque puissants et petits, interpelle. C’est donc avec la toile que les danseurs vont jouer. Elle est tantôt la Piétà qui recueille le corps d’une danseuse, tantôt un linceul, tantôt encore une sorte de totem autour duquel les danseuses entament une danse rituelle sous forme de hip hop.

Le propos est métaphysique mais le spectacle est riche en émotions et parfois très drôle. La scène où l’une des danseuses-comédiennes donne la réplique en italien à chacun des personnages de la toile, illuminés tour à tour pour la circonstance, est à mourir de rire. Celle de la traversée de la Méditerranée où le seul homme de la troupe - qui dans la vraie vie est un rescapé de cet enfer - est bouleversante.

J’ai déploré quelques longueurs. A de rares exceptions près, je n’ai pas aimé l’univers musical live. L’utilisation de la vidéo, en noir et blanc et en simultané, complète à bon escient la lecture de la toile.

 

Invisibili est un spectacle pluridisciplinaire où prédominent la danse, la musique et les arts visuels. Parfaitement maîtrisé, il interroge notre rapport à la mort pour nous inviter à vivre pleinement et ensemble notre humanité commune.

 

Catherine Wolff

Retour à l'accueil