©Eric-Clément Demange

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Spectacle par la compagnie Reveïda (06) vu à Nice, dans la salle Jean Vigo de l’espace Magnan le samedi 13 avril 2024 à 15h

 

Conception & chorégraphie : Delphine Pouilly

Distribution : Simon Arson, Pauline Desrumaux, Morena Di Vico et Héloïse Larue

Musicien & compositeur : Benoît Berrou

Technique, constructions et scénographie : Raphaël Maulny

Genre : Danse contemporaine

Public : Dès 8 ans

Durée : 50 min

 

C’est la deuxième année consécutive que je me déplace à l’Espace Magnan pour voir un spectacle proposé dans sa programmation annuelle. Ce centre culturel et sportif, géré par l’association éponyme, propose toute l’année des spectacles venus de divers univers et secteurs variés. Ces évènements sont, souvent, tout public mais aussi et surtout en direction du jeune public car il peut y avoir des représentations scolaires.

 

Une fois installé dans cette salle aux 149 fauteuils rouges, les rideaux s’ouvrent. Ils dévoilent une différence entre les quatre protagonistes. Deux personnes seront enfermées dans une bulle visible physiquement. Les deux autres seront enfermées dans une bulle virtuelle. Toutes et tous auront un portable à la main. En fond de scène, côté cours, un personnage ayant un casque lumineux particulier, relié par des fils sur la tête composera et jouera les musiques qui accompagneront les chorégraphies. La scène est totalement épurée sauf pour ce qui est de cet intriguant musicien entouré, au sol, par des éclairages filaires blancs. Ces derniers s’illumineront à certains moments précis du spectacle. Chaque tableau de danse est entrecoupé par des interludes obscures. Dans ces battements scénographiques, ce sont les individus, en mouvement, qui brilleront grâce à l’usage ingénu d’éclairages filaires portatifs entourant leur corps – marqueur de leur connexion au cyborg orchestrateur.

Plus nous avançons dans le spectacle, plus les individus deviendront des sortes de machines alimentées par…une machine. Une dépendance aux appareils électroniques dont nous ne savons plus vraiment nous séparer. Une sorte de virus dont les plus jeunes sont atteints de plus en plus tôt. Même si les bulles physiques disparaîtront sur scène, le manque de communication entre les protagonistes, lui, sera toujours là symboliquement. Un paradoxe de la réalité où les êtres humains sont ultra-connectés virtuellement mais de plus en plus déconnectés physiquement. Sur scène, ce changement sociétal s’illustrera avec une scénographie astucieuse dans sa simplicité visuelle : les visages seront remplacés par des écrans aux émojis changeants. De quoi faire disparaître l’élément le plus significatif nous définissant comme humain : les émotions. La musique, accentuera cette déshumanisation par des sons rappelant l’envoi de messages. Sons que nous avons pris l’habitude d’entendre et d’oublier au fil de notre emploi des smartphones…et qui pourtant sont agaçants.

C’est une des rares fois où je suis allé voir, par moi-même, un spectacle de danse…qui plus est contemporain. Si je devais résumer ce que j’ai vu en un mot, ce serait astucieux. Tout est monté de façon efficace et originale. Le message inquiétant est bien transmis sur scène, dans cette salle où des familles nombreuses se seront déplacées. Un ballet moderne fantaisiste avec une réalité que nous aurions préféré pouvoir qualifier de dystopique. Les applaudissements sont francs. Un bord de scène suivra avec celles et ceux qui le voudront. Les enfants, comme les parents, auront des réactions enthousiastes sur ce spectacle ; tout comme moi qui repars en réfléchissant un instant sur ce virus… de quoi marquer les esprits de celles et ceux qui ne sont pas adeptes de la danse.

 

Maxime FARSETTI

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