photo Jean Louis Janssens Site Livane

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Dans le cœur de Georges, j'ai rendez-vous avec vous

Spectacle de la Compagnie Bout de Lune (75), vu le 2 mars 2024 à 21h, à St Dionisy (30), dans le cadre de la programmation culturelle municipale.

 

Auteur et Interprète : Livane Revel

Mise en scène : Xavier Berlioz

Arrangements musicaux : Jean Baptiste Musset et Franck Chenal

Genre : spectacle musical

Durée : 1h30

Type de public : tout public à partir de 12 ans

 

Un peu par hasard,  en recherchant sur internet des interprètes des chansons de Brassens, je suis tombée sur cette proposition de Livane, chanteuse-musicienne-comédienne, que je ne connaissais pas, mais qui accompagna un temps les célèbres Sea Girls. Les extraits visionnés sur Youtube ont aiguisé ma curiosité. Son agenda mentionnait son passage près de chez moi,  le 2 mars 2024, à St Dionisy, dans le cadre de la programmation culturelle municipale. C’était une occasion à ne pas manquer…

 

La salle du foyer communal est comble. Quelques 10 % de la population de ce village d’à peine 1100 âmes se trouvent ici réunis pour accueillir Livane… C’est surprenant et remarquable !

C’est la voix de Georges qui accompagne Livane à son arrivée sur scène, charmante jeune femme longiligne, en robe fourreau vert bouteille, cheveux bruns attachés en chignon strict. Livane, ou plutôt Joha Heiman, celle que tout le monde connaîtra plus tard sous le nom de Pupchen, petite poupée en allemand. Joha va nous raconter son histoire d’amour de plus de trente ans, interrompue par la disparition de l’artiste, avec celui qu’elle appelait « Jo » … La rencontre en 1947, l’adultère, le « partage » avec les autres femmes de sa vie, dont la célèbre Jeanne, de 30 ans son aînée, qu’il n’abandonnera jamais. Et toutes celles rencontrées au long de sa carrière, Patachou, Gréco, et autres « amourettes » sans conséquence pour celle qui restera la femme de sa vie,  et qui repose aujourd’hui à ses côtés au cimetière de Sète, alors qu’ils n’ont jamais habité ensemble de leur vivant ! Brassens ne voulait pas faire d’une femme sa servante, ni laisser s’engluer la relation dans le quotidien et la routine. Les deux amants ont ainsi vécu leur vie amoureuse dans une incroyable succession de rendez-vous réguliers, deux fois par semaine…

Livane a choisi de raconter ce parcours de vie au travers des chansons que Georges écrivit pour sa muse, « les Passantes », « J’ai rendez vous avec vous », « Je me suis fait tout petit devant une poupée », « La non demande en mariage », la magnifique « Saturne », qui ne saurait être l’œuvre du misogyne que fut soupçonné d’être Brassens…

Une  quinzaine de chansons  émaillent  le récit, accompagnées en direct à la guitare ou par  une bande son complétée par l’utilisation d’un looper, que Livane  gère au plateau. Je retiendrais plus particulièrement sa douce interprétation de « la Jeanne », l’une de mes chansons préférées de Brassens, et celle très moderne et « croquignolette », que seule une femme pouvait se permettre,  de « Quatre vingt quinze fois sur cent » !

La fin de ce magnifique et étrange récit est signée avec « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète », malgré tout suivie du facétieux « Trompe la mort », titre peu connu, qui laisse à penser que Georges, peut-être, est toujours là, quelque part… Du coup, les spectateurs ont été invités à chanter en chœur «Les copains d’abord», avant de se séparer sur une note joyeuse.

Dans une mise en scène sobre mais efficace, avec peu d'accessoires et un décor minimaliste, cet hommage s’appuie sur une écriture parfaitement maîtrisée, portée par une interprète talentueuse, qui s’est glissée dans la peau de son personnage, jusqu’à nous faire oublier qu’elle n’a physiquement rien de commun avec Pupchen.

Un spectacle à la fois nostalgique et joyeux, et bien que Livane m’ait dit avoir joué ce spectacle dans des grandes salles, je préfère pour ma part le savourer dans un cadre plus intimiste, en compagnie d’un public qui apprécie la poésie et l’écriture de Brassens.

Public qui ce soir était visiblement conquis ! 

 

Cathy de Toledo

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