Le groupe des 20 se met en question
19 nov. 2008Le Groupe des 20 est une association créée par 23 directeurs de théâtres de ville en Rhône-Alpes avec pour objectifs de favoriser l'émergence de nouvelles compagnies en créant la rencontre entre des projets artistiques et des programmateurs.
Ainsi, après 7 années d'existence, l'association a soutenu 50 compagnies de théâtre, 50 de danse, 40 groupes de musique et 10 compagnies de marionnettes et Nouveau cirque.
C'est à l'occasion de deux journées professionnelles intitulées « La Route des 20 » que se déroulaient la présentation des projets et leur sélection par les diffuseurs.
Le dispositif n'a pas été reconduit cette année pour la 8ème édition de la « Route des 20 » qui s'est tenue le 6 novembre au Théâtre de Vénissieux et le 7 novembre au Centre Culturel Théo Argence à St Priest, dans l'agglomération lyonnaise.
La deuxième journée a donné lieu à une rencontre professionnelle faisant le bilan de l'activité de l'association et reposant ses objectifs.
Thierry Vautherot, président du Groupe des 20, a présenté avec lucidité les difficultés auxquelles s'est heurtée l'association pour améliorer concrètement les conditions d'émergence et de survie des compagnies:
- La superficie très vaste de la région Rhône-Alpes qui compte un grand nombre de compagnies.
- Les difficultés à vendre les créations hors région.
- Le cloisonnement important des réseaux de diffusion entre petits et grands théâtres.
Agir sur la diffusion des créations s'est avéré insuffisant pour faire évoluer le système économique auquel sont confrontées quotidiennement les compagnies. Notamment, celles qui ne sont pas encore introduites dans les réseaux. « La route des 20 » se situe donc à un tournant.
Comment faire évoluer les relations entre théâtres et compagnies?
Grégoire Ingold (Cie Balagan Balagan ! ), porte-parole de plusieurs compagnies de la région lyonnaise, a fait remonter l'envie des équipes artistiques d'entretenir des relations durables avec les théâtres, en amont des temps de diffusion des spectacles.
Sortir du jeu de séduction et de pouvoir permanent qui régit les relations entre compagnies et programmateurs : voilà la nouvelle orientation que s'est fixé le Groupe. Le constat a été fait de l'inexistence d'un lieu neutre de discussions où les uns et les autres pourraient échanger sur leur terrain professionnel commun, libres de tout enjeu économique.
Il a donc été décidé de créer, lors de la « Route des 20 » un espace de partage autour des pratiques professionnelles et des questions traversant le secteur culturel afin de chercher des solutions aux problèmes posés et d'anticiper davantage les évolutions qui se profilent. Les formes proposées : forum, tables rondes sur des questions précises comme la vente de spectacles à l'étranger..., des espaces où compagnies et directeurs de lieux pourront présenter leurs projets...
Trois axes de réflexion pourront être déployés durant ces rencontres :
L'artistique : quelles sont les nouvelles formes esthétiques aujourd'hui?
L'économique : quelles solutions peut-on trouver face à des financements publics en berne? Comment rendre viable une création?
Et la question de « mission de service public » : quels rapports aux publics? Quelle légitimité du spectacle vivant pour le politique?
L'intervention du Nouveau Théâtre du 8ème / Compagnie les Trois-huit, représentés par Vincent Bady et Magali Lapierre a permis d'ouvrir le débat et de se donner une idée de la forme que pourraient prendre ses temps d'échanges autour d'expériences singulières.
Cette structure qui se définit comme « une compagnie avec lieu » se compose de 4 comédiens et de 4 personnels administratifs et donne l'opportunité à des équipes artistiques de prendre possession du lieu dans sa globalité, durant 6 à 8 semaines : aide administrative, locaux de répétition, plateau et matériel technique... Il ne s'agit plus de résidence mais d'un réel travail de partenariat entre les deux équipes qui se rencontrent et essaient autant que possible de mener des projets communs dans le respect des identités de chacun. Voilà l'exemple d'un lieu sans directeur mais fondé sur une gestion collective.
Ce que sous-tend cette intervention est que la réponse aux besoins des compagnies sera peut-être dans une plus grande mutualisation des moyens et une ouverture des lieux de diffusion.
Vincent Bady a insisté sur l'importance d'impliquer les politiques dans ces formes « alternatives » de gestion de lieux qui ne peuvent perdurer seules, sans une légitimité publique.
Rassemblant artistes, équipes administratives de compagnies et de lieux de diffusion, l'assemblée a pu participer à ces réflexions.
Il semble complètement nécessaire, aujourd'hui, de réfléchir à comment faire évoluer les relations entre les acteurs culturels, pour optimiser l'utilisation des ressources. Rester dans la concurrence et la revendication de l'identité artistique pourrait être un frein voire un réel handicap pour la survie de nombreuses compagnies.
Souhaitons que, malgré la conjoncture peu favorable au développement culturel et artistique, cette initiative du Groupe des 20 ouvre la voie à une responsabilisation des professionnels de la culture et à de meilleurs échanges fondés sur l'apport du collectif.