Porté sur les planches par : Compagnie Manuel Pratt

Interprété par : Manuel Pratt et Jean Marc Santini

 

C’est un spectacle de : Théâtre tout public (durée : 1h10)

 

Ce Spectacle a été vu le : 30 juillet 2009

Dans le cadre de : Avignon Festival et Compagnies : le Off 2009

Et le lieu du : Théâtre de La Tache d’Encre - Avignon


 

« Sacco et Vanzetti » est une histoire d’injustice datant de 1920 et qui ne se raconte plus tellement, on la connaît…

 

… Mais encore … :

Alors à quoi bon nous la resservir ? !... A quoi bon débourser pour un tel spectacle qui de prime abord, en plus, est des plus « sérieux », sans drôlerie, malgré la tête d’affiche présente en la personne de Manuel Pratt ?... A quoi bon aller à celui-ci alors qu’en ce festival, d’un jour pair à un jour impair ou peut voir en ce même lieu et avec le même comédien quelque chose de plus original, de moins vu et revu pour ne pas dire désuet…
Réponse : parce que les aquoibonistes sont des cons.
Ce spectacle relève de l’excellence, de la perle théâtrale, de la virtuosité de jeu, de l’intelligence d’un propos choisi, développé avec brio et qui plus est sans artifice scénique aucun : deux comédiens aussi parfaits l’un que l’autre sur un plateau nu, juste deux chaises et deux verres d’eau. Rien de plus, rien de moins et vous partez pour un satané voyage en plein cœur de la société du… XXIème siècle. 1920, 2009 : rien à changer.

 

Deux avocats s’affrontent. L’un pour, l’autre contre. Peu importe le propos finalement car à ce moment, pour chacun des représentants du droit, au-delà même des convictions, ce sont deux hommes qui entrent en joute comme sur une scène, deux hommes aux attitudes si théâtrales, encostumés et qui n’ont qu’un seul but : embarquer et perdre leur public de tribunal au fond de leurs effets de manche. Car même le plus humain des deux : celui qui défend la vérité ni échappe pas, emporté par le tourbillon d’un métier ou la sincérité est écrasé par son propre narcissisme. Pratt et Santini, les (« vrais ») comédiens, incarnent des avocats qui ne sont que de parfaits comédiens… quelle mise en abîme vertigineuse ! Vertigineuse au point ou le spectateur se confond alors dans la position du jury et ne trouve que le rire afin de s’en échapper. C’est toujours la même histoire aujourd’hui non loin de là dans notre palais de justice.

C’est donc à un procès auquel on assiste ; procès sur fond de racisme, d’anarchisme, de révolution et de revendications contre les inégalités, les injustices, les discriminations…alors oui, en près d’un siècle certains propos pour ne pas dire tous sont toujours aussi contemporains. Même si c’est presque un lieu commun que de dire cela, il est toujours bon de le rappeler.

C’est donc le procès d’hommes accusés dont on oublie l’histoire intime, personnelle au profit de l’intérêt que suscite la personnalité de leurs défendeurs eux même finalement bouffés par le phénomène d’une société en plein déséquilibre… Il est toujours bon de le rappeler aussi, voire plus : de le faire découvrir à ceux qui ne sauraient pas qu’aujourd’hui encore...

Ça parle donc de « tout ça » et la vie, l’actualité de notre quotidien s’imbrique parfaitement avec ce « tout ça » que l’on vient de voir sur scène. Et ça touche fort, très fort : le simple spectateur qui ne connaîtra jamais de vagues dans son existence autant que celui qui sera passé un jour dans un tribunal en ayant subi l’injustice d’avoir été condamné. Pour ce dernier aussi, surtout, l’instant de théâtre et de fiction proposé s’efface au point de le projeter dans d’autres vérités : la sienne en plein cœur de notre société défaillante parfois…

 

Bravo monsieur Pratt et merci !... Il n’est besoin que de vous croiser et vous observer quelques minutes avant votre représentation, puis vous voir sur scène jouer le plus abominable pour comprendre de quel talent de comédien vous disposez, quand en l’homme on lit autant d’humanité.

Il est une évidence : de cette humanité, de la justice sociale : vous êtes certainement le meilleur avocat de la défense, dans le sens le plus noble du terme… Chapeau bas.  

 

 

Actualité :

A la Tache d’Encre jusqu’au 31 Aout 2009

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