L'Ombre au piano
03 févr. 2014Spectacle de la Compagnie 14:20 (dept 76), vu à Montpellier, dans le cadre de la ZAT 7, Quartier Boutonnet / Beaux-Arts, le 10 Novembre 2013, 18h.
De et avec Philippe Beau, ombromane
Au piano : Marek Kastelnik (Anticyclone)
Durée : 15 minutes de spectacle, 15 minutes de démonstrations avec le public
Jauge : 150
Genre : Ombromanie et musique
Public : tous à partir de 3 ans
Création 2011
Magicien de formation, Philippe Beau est un spécialiste mondialement reconnu en ombromanie, art très rare (une dizaine de spécialistes au monde). Auteur et créateur de procédés dans cet art, il est également consultant. Ici, en association avec un pianiste du groupe Anticyclone, il présente un spectacle complet.
Le fond de scène est occupé par un grand écran, et près du public est installée une lanterne magique. Dans une semi-obscurité, Philippe Beau déploie ses mains nues, les superpose ou les agence de mille façons différentes pour faire apparaître sur l'écran un surprenant bestiaire d'ombres. Pleines de vivacité et de grâce les silhouettes très nettes apparaissent et se transforment rapidement avec des mouvements fluides. Voici un lapin insouciant qui gambade, se lisse les poils sans prendre garde au loup qui finalement en est pour ses frais ! Un magnifique cerf aux bois vénérables se fait admirer et un cheval passe au galop. Et voilà un éléphant qui nous surveille d'un oeil, puis un homme lui donne à manger… Un canard se lisse les plumes. Philippe Beau tient dans ses bras un chat qui se gratte l’oreille, c'est fascinant. Deux hommes discutent, une colombe s’envole, tout se transforme, un perroquet, une belle araignée, puis des silhouettes humaines connues. Nous assistons à un défilé d'êtres pleins de vie et dont la personnalité se concentre dans une ombre. L'accompagnement musical souligne leur expressivité et j'ai senti la salle tenue en haleine du début à la fin.
Le spectacle terminé, Philippe Beau consacre encore un quart d'heure au public pour expliquer avec beaucoup de générosité le b.a.-ba de son art : l'échauffement, l'indépendance des doigts, la vélocité; les spectateurs désireux de s'essayer à ce jeu montent ensuite sur scène et chacun d'eux réussit à animer une silhouette. C'est instructif et sympathique.
Pendant le spectacle, Philippe Beau ne se cache pas du public et ça m'a fascinée. Sur le côté de la scène, nous le voyons associer ou dissocier rapidement ses doigts, ses mains, ses bras devant la lanterne. Parfois même la silhouette de l'ombromane se découpe sur l'écran, l'envahit, puis s'efface, ajoutant par ces apparitions, encore plus de magie : entre l'ombre et la lumière, où est le réel ? L'ombre aurait-elle une épaisseur ? Le piano scande la rapidité ou la lenteur des mouvements, et met en valeur la fluidité des gestes. Les deux artistes jouent en accord parfait, l'ombromane proposant, le musicien improvisant. Tout en jouant de ses mains et de la lumière, Philippe Beau pose un regard admiratif sur les animaux et humoristique sur les humains. C'est un spectacle magique pour tous âges.