La Nuit Brecht
19 janv. 2010
La troupe de Théâtre et Compagnie, actuellement à demeure à l’Amphithéâtre de Pont de Claix et ce jusqu’à la fin de cette saison, a proposé une représentation sur une longue plage de soirée le jeudi 14 janvier 2010 à laquelle nous nous sommes rendus.
Public : selon nous plutôt destiné à des adultes et ados
Durée (comprenant les interruptions culinaires) : 4h30
Distribution :
Mise en scène : Michel Belletante
Jeu : Steeve Brunet, Renaud Deshesdin, Floriane Durin, Eléonore Ferber, Michel Ferber, Lucile Jourdan, Carl Miclet, Gilles Najean, Philippe Nesme, Moïse Poisson, Marianne Pommier, Pierre Tarrare
Décors : les Ateliers de Marianne
Direction : Christian Pouchard
Création lumières : Andrea Abbatangelo assisté de Joëlle Dangeard
Création musicale : Patrick Najean
Musicien : Joseph Beaulion
Costumes : Anne Dumont
Maquillages et perruques : Kathy Kuhn assistée de Kamoun Foughali
Régie générale : Yannick Fraimbault
Régie son : Nourredine Slimani
Régie plateau : Clément Burlet-Parendel
Stagiaire assistante : Marina Morel
Cuisine : Christian Stanzer
La soirée s’est décomposée en six actes. Le démarrage s’est fait sur l’asphalte du parking, dans la froidure hivernale du soir : sorte de mise à l’étrier avant de pénétrer dans le lieu de jeu par l’arrière du théâtre, dans un espace transformé en cabaret. On pose les manteaux et on s’installe autour de petites tables bistrot. Un homme au chapeau melon est assis au piano et une équipe artistique à laquelle se sont joints les membres des administratifs, ouvre le spectacle sur un pan chansonnier. On va approcher ce qu’est la rue, avec comme composantes les maisons closes, les exploitants de la misère, la faim et le manque de travail. On touche aux Bas-Fonds où apparaît Ste Jeanne des abattoirs qui se débat dans les conflits d’intérêts commerciaux. Progressivement, l’engagement de Brecht, ses interrogations, ses remises en cause de la société dans laquelle il vit voient le jour, jusqu’à ce qu’on le suive dans son exil et l’interrogatoire posé par les Etats-Unis.
Michel Belletante a fait le choix d’une forme prescrite par Brecht pour permettre la " Distanciation " du spectateur face à l’acte théâtral, en intervenant entre les actes et en apportant des éléments de la biographie de l’auteur. Des temps comme "hors mise en scène" ayant pour fonction de nous donner des clefs de compréhension, des éclairages. Les moments de repas permettaient de tenir notre attention sur une durée notable qui n’aurait probablement pas été si aisée d’un seul trait, et ils ouvraient ensuite sur des espaces de jeu mobiles.
Une proposition touffue mêlant :
des pièces de différentes teneurs
des textes parlés (le temps de l’audition, en formule lecture, a offert un traitement en parfaite adéquation avec le propos)
joués : la configuration " cabaret " déployait des modules variés apportant une relation différente de celle que le spectateur entretient avec le " frontal "
chantés (d’ailleurs fort bien avec certaines voix féminines pleines et colorées)
Le revers de la médaille, c’est pour ce qui nous concerne la durée... qui n’est pas forcément une alliée, avec une question à la clef : comment condenser le discours en opérant des choix judicieux et en jouant sur les rythmes et ruptures ?
Quant à la chute du spectacle, autour de textes grivois, si elle a pu opéré un retour à plus de légèreté, elle ne nous a pas semblé apporter du fondamental et incontournable. N’allons pas jusqu’à un " hors-sujet " puisque ces textes sont bien l’oeuvre de Brecht, mais considérons cela comme un rajout pas forcément essentiel.