le-journal-de-grosse-patate.jpgSpectacle vu à Avignon OFF 2014, maison du Théâtre pour Enfants Monclar, 14 h. De la Compagnie Gorgomar (06)

D’après Dominique Richard

Avec Aurélie Péglion et Emma Laurent


VIVANT2-toiles-3Durée 1 h 05

Tout public à partir de 6 ans

 


 

Comme le titre l’indique, il s’agit du journal intime d’une fillette de 10 ans, qui adore manger, est donc toute ronde et que ses camarades d’école ont surnommée Grosse Patate… Elle  confie à son journal ses rêves, ses envies, ses états d’âme, ses moments de joie ou de tristesse, son quotidien avec ses amis de classe, Rosemarie la timide, Rémi l’introverti, qui est son souffre douleur, et Hubert, le beau gosse que tout le monde aime.

 

La compagnie a choisi une scénographie inventive et colorée qui s’appuie sur une sorte de parallélépipède rectangle, formé d’éléments gigognes, chaque élément proposant caches et tiroirs qui abritent de nombreux accessoires.  Ces éléments mobiles se transforment à l’envi en bureau, chaise, tableau d’école, camps de jeux, escaliers, la partie haute restant toujours la chambre/lit de Grosse Patate, son refuge. Les costumes de Grosse Patate sont « matelassés » pour figurer ses rondeurs. Quant à Rosemarie et Hubert, ils  sont  représentés par des marionnettes, ou plutôt des poupées. Le rôle de Rémi est assuré par une comédienne.

 

Grosse Patate, seule en scène,  s’adresse directement au public pour raconter son quotidien. Rémi apparaît plus tard dans quelques scènes, sans jamais prononcer un mot, pour prendre des baffes ou des coups de pied dans un premier temps, pour jouer ensuite « normalement » avec Grosse Patate. Quant à Rosemarie et Hubert, c’est Grosse Patate qui les « manipule ».  Lorsqu’elle s’endort, ses rêves sont hantés  par un homme en noir qui apparait  en fond de scène et vient la tourmenter…. La musique de Thomas Garcia vient rythmer l’enchaînement des séquences qui s’étalent sur une année scolaire, en fonction des états d’âme de la narratrice. La vidéo et les ombres chinoises sont utilisées pour compléter la scénographie.


Par certains côtés très drôles, Grosse Patate a une façon directe et naturelle, celle d’une enfant de 10 ans qui « semble » bien dans sa peau, de s’exprimer et de raconter son quotidien. Mais  cette histoire n’en est pas moins triste car elle révèle aussi la difficulté de vivre d’une fillette qui a perdu sa maman (qui comble un vide en mangeant ?), les questions identitaires que les enfants se posent (qui perdurent bien souvent à l’âge adulte !) suivant qu’ils sont grands, gros, introvertis, qu’ils se trouvent beaux ou laids, que leurs attirances sexuelles ne sont pas bien  affirmées (n’oublions pas que ce texte a été écrit en 1998, et que les choses ont beaucoup évolué depuis). Et on réalise seulement à la fin qu’on ne connaît même pas le prénom de Grosse Patate…

 

Cathy De Toledo

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