Moby Dick
23 mai 2021
Un spectacle produit par la compagnie « Plexus Polaire » (89) et vu au Montfort le 21 mai 2021.
Mise en scène : Yngvild Aspeli
Comédiens et marionnettistes : Pierre Déverine (en alternance avec Alexandre Pallu), Sarah Lascar, Daniel Collados, Alice Chéné, Victor Lukawski, Maja Kunsic et Andreu Martinez Costa.
Musique : Guro Skumsnes Moe, Ane Marthe Sørlien Holen et Havard Skaset
Fabrication marionnettes : Polina Borisova, Yngvild Aspeli, Manon Dublanc, Sébastien Puech, Elise Nicod
Scénographie : Elisabeth Holager Lund
Genre : marionnettes
Public : tout public à partir de 14 ans
Durée : 1H30
Le retour en salle n’a fait que confirmer le manque cruel de spectacles pendant un an. Le public était à l’unisson de ce ressenti. Avec les mesures sanitaires, les places sont chères. Aussi, j’accepte quasiment toutes les invitations, même pour de la marionnette. Pourtant, à priori, ce n’est pas ma tasse de thé. Le « Moby Dick » de la compagnie Plexus Polaire aura changé durablement mon regard sur cet art.
Porter « Moby Dick » sur les planches, c’est s’attaquer à du lourd et pourtant, la compagnie du Plexus Polaire a su relever tous les défis :
-Défi de résumer en 1H30 un pavé de plus de mille pages.
-Défi de faire entendre la portée philosophique et écologique avant l’heure du roman.
-Défi de représenter un univers marin et de rendre compte, sur scène de la démesure entre l’homme et l’océan ; entre l’homme et le cachalot.
-Défi, enfin, de relever cette gageure par la marionnette.
-Cette réussite tient d’abord à la scénographie qui sait transformer un antre de cachalot en nef de vaisseau modulable. En fond de scène, ce praticable est entouré, à cour et à jardin, par trois musiciens (basse et chant, contrebasse et chant, percutions, bruitages et chant) tandis qu’une projection de lumière dessinent les flots. C’est dans cet univers qu’évoluent les marionnettes d’échelles différentes. Quand certaines sont géantes et d’autres minuscules, la plupart sont à taille humaine et d’un réalisme si troublant qu’il est difficile de distinguer l’homme de la créature. L’articulation des mâchoires contribue largement à cette ambiguïté tant la marionnette mime le langage parlé mieux qu’en VOST.FR. La manipulation est virtuose et la lumière, admirablement dosée, estompe la plupart du temps les 6 manipulateurs. La musique live, les bruitages, les fumigènes et parfois une allemande ondulante parachèvent l’illusion.
-Ma seule réserve concerne le récitant qui ne m’a pas convaincu et dont on regrette qu’il s’exprime en français alors que les autres comédiens-manipulateurs parlent un très bel anglais (sur-titré).
-« Moby Dick » de la compagnie Plexus Polaire est une fête des sens et de l’intelligence. C’est la magie d’un spectacle total. A ne manquer sous aucun prétexte.
Catherine Wolff