Après le chaos

Produit par la Cie Picrokole (75), vu au théâtre des Corps Saints le 12 juillet dans le cadre du Festival d'Avignon 2023.

Auteure : Elisabeth Gentet Ravasco

Mise en scène : Stéphane Daurat

Interprète : Véronique Augereau

Genre : Théâtre contemporain

Durée : 1h10

Public : À partir de 12 ans

Les ingrédients pour faire un master piece : Un décor réduit au strict minimum, un texte sublime, ciselé, une interprète habitée par son rôle qui vous cloue au siège dès le début du spectacle. L'annonce, d'abord, de la tragédie, ensuite la sidération et enfin le questionnement : pourquoi, pourquoi lui ? Mais le pire reste à venir lorsqu'une mère est obligée de constater que son fils est victime de cette tragédie et qu'il en est également... l'auteur.

Comment une vie peut basculer en quelques minutes, tout un univers s'effondrer à l'annonce d'un drame par des policiers pas vraiment formés à la psychologie en état de crise, qui pointent sur vous une part de responsabilité dans l'acte de votre enfant...

Les parents de meurtriers n'ont pas droit au statut de victime ; ils sont très souvent aux yeux du monde des coupables, coupables de n'avoir pas bien fait, de n'avoir pas vu, supposé, prévenu ; il est vrai que notre statut de parents nous intime l'ordre de deviner qu'un fils, un soir, prenne une Kalachnikov et tue 19 personnes dans une fête d'adolescents...

Véronique Augereau incarne cette mère dévastée, dès les premières minutes nous sommes happés par sa douleur, sa sidération, son questionnement ; et très vite elle se reprend car elle pense, déjà, à ses 2 autres enfants qu'il faut protéger de ce drame. Saura-t-elle porter à bout de bras le reste de la famille ? Pourra-t-elle affronter les journalistes, les insultes, les crachats, l'abandon des amis ?

Véronique Augereau nous embarque dans ce monologue bouleversant, jusqu'au bout. On en ressort lessivé, subjugué par une interprétation magnifique. Et si ça nous arrivait, à nous, comment pourrions-nous le vivre ?

Un spectacle sublime, à voir durant tout le Festival d'Avignon au Théâtre des Corps Saints. Une pépite.

Evelyne Karam