Compagnie les Rémouleurs

Compagnie les Rémouleurs

Alice au pays

Un spectacle produit par les compagnies La scélérate / les Rémouleurs (75 et 22) et vu le 13 octobre au Cirque Electrique.

 

Mise en scène, écriture : Gallia Vallet, Julien Vallet

Construction : Gallia Vallet, Julien Vallet, Anne Bitran, Olivier Vallet

Création lumières : Gallia Vallet, Julien Vallet, Olivier Vallet

Interprètes : Gallia Vallet, Julien Vallet

Genre : Théâtre d’ombres, marionnettes

Public : tout public

Durée : 1h

 

Le mois d’octobre est étonnamment pauvre en proposition théâtrale. En quête d’évasion de ce monde de dingues, j’ai élargi ma zone de confort pour découvrir « Alice au pays », premier spectacle de la compagnie La scélérate accueillie par le Cirque Electrique, à raison d’une entrée libre à partir de 5. Prometteur.

 

-On s’en serait douté, « Alice au pays » est une variation d’« Alice au pays des merveilles ». Celle de ce soir vit dans son monde. Un monde de lettres où le langage est réinventé pour mieux se prémunir du monde. Ainsi les chaines d’info en continu, dans l’univers d’Alice, délivrent  une mélopée familière à l’oreille mais inédite dans la poétique du verbe et dont on ne retient que deux messages : la guerre partout et l’obsession du temps. Mais « un recommandons accuse la réception pour vous » advient par l’entremise d’un œil rendu énorme par un judas. Il somme Alice de se confronter à « la poudre de réalité » laquelle est « comme le papier de verre, ça gratte ». Le spectacle bascule dès lors dans une fable sociale, cruelle à l’image de notre monde.

Ils sont deux comédiens marionnettistes à porter cette histoire, avec une très grande économie de moyen. Une sorte de castelet constitué d’un tissu pour la partie haute et d’une petite avant-scène multifonction pour la partie basse. Deux allemandes noires encadrent le tout. Dans cet espace les comédiens alternent les scènes théâtrales et les scènes de manipulation avec une marionnette à tige et une autre pour le théâtre d’ombre.

« Alice au pays » regorge d’inventivités textuelles et visuelles. Les tableaux de théâtre d’ombre sont particulièrement réussis avec un décor projeté du plus bel effet graphique. Mais le spectacle manque un peu de rythme, le jeu est parfois fragile et le propos, un tantinet manichéen. À la décharge des comédiens, les conditions de jeu ne sont pas optimum. Le Cirque Electrique a la générosité rare d’accueillir de jeunes compagnies mais l’espace offert, entre odeur de frites du bar attenant et bruit du périphérique, constitue en lui-même un vrai challenge.

« Alice au pays » est un spectacle poétique, à la politique affirmée qui n’a besoin, pour briller, que d’un peu de maturité et d’un espace de jeu plus approprié.

 

Catherine Wolff

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